Extrait du journal

Jamais un nuage ne se montra dans le ciel de leur félicité, et bien que Dieu, prodigue de ses faveurs, leur eut refusé le seul trésor qui leur man quai : des enfants, ils se consolaient en se répétant qu’ils étaient jeunes tous les deux, et qu’un jour peut-être Et Marthe, cachait alors son front rougissant dans le sein de Bernard, et ses lèvres cherchaient les lèvres de son époux, et au frémissement qui parcourait tout son être ace contact brûlant, on au rait deviné combien était ardent le désir de la jeune femme, et combien cette privation forcée des joies de la maternité devait amener de larmes secrètes, de soupirs étouffés On était alors dans les premiers mois de 1812, de cette année fatale à nos armées, et qui marque dans l’histoire la première date de nos revers , au jourd’hui vengés. Un soir Bernard revenant de l’ouvrage, trouva dans sa demeure un pli armorié au cachet de l’État contenant un ordre d’avoir à rejoindre sous huit jours le corps d’armée ou servait son régiment, le remplaçant qu’il avait fourni, ayant déserté devant l’ennemi. Bernard, adorait sa femme, mais il aimait profon dément sa patrie. 11 n’hésita pas un instant. Marthe se désola, elle prévoyait un affreux sinistre ; son. cœur d’amante lisait dans l’avenir une histoire de mort * ¥ ¥ — Bernard disait-elle le soir du départ ! Mon Bernard bien aimé ! Jure moi de m’aimer toujours?.. Folle, répondit l’époux, et la baisant au front il murmura tout bas : de ton coté garderas-tu ton cœur ? Marthe était d’une pâleur livide. Elle vint s’as seoir sur les genoux de Bernard, et lui prenant la main, elle lui enleva doucement la bague d’argent des fiançailles, qu’elle remplaça par son anneau nuptial....