Extrait du journal
blesse de me sécher le cœur, de vous donner mon fils. 11 vaudrait mieux que je meure ! — Pour vous, peut-être, — reprit doucement Liomer. — non pour votre enfant. Ah ! Madame, vous qui avez soutfert de ne pas estimer votre père, ne léguez pas au moins cette douleur à votre fils. Elisabeth hocha la tête, et le sourire facile qui luisait toujours trop sur ses lèvres, revint avec un éclair ironique : — Mon père ! — reprit-elle, — savez-vous qu’il est riche ? il a fait sauter la banque à Bade et à Hambourg. J’ai peut-être eu tort de le mépriser 1 — Eh bien, allez vivre avec lui ! repartit Lio mer, que cette insupportable raillerie ramena vite à sa colère. Mm® Bournel se sentit congédiée. Elle remit son grand chapeau de paille, passa les mains sur ses yeux, par un geste presque coquet, pour effacer la trace presque humide que le rire moqueur n’avait pas fini de sécher, donna un léger coup à sa robe, pour que les plis reprissent leur harmo nie, et comme si rien de terrible n’avait été dit dans ce tête à-tête, du ton d’une cliente qui sort d’un cabinet de consultation : — Je réfléchirai à vos conseils, docteur. Si je vous en demandais d’autres, par correspondance, me répondriez-vous ? — Je n’en aurais pas d’autres à vous donner. — Alors, vous ne voulez pas que je vous écrive? — Je crois qu’il serait, en tout cas, bien inutile de ma part de vous répondre. Elisabeth lit une révérence de grande dame, savante et fière. Elle passa devant Liomer, sortit de la salle à manger et de la maison,et par quel ques pas légers dans la ruelle, s’éloigna vile, sans se retourner. Elle s’imaginait sans doute que Liomer la regardait pariir. En femme qui se sait irréprochable de démarche, de tournure, d’élé gance. elle voulait se faire plaindre, en se faisant trouver gracieuse et jolie. C’était sa seule façon de recueillir la sympathie, et c’était sa dêrnière embûche, pas la moins dangereuse. ... ....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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