Extrait du journal
à leurs chères études, se résignent à redevenir des éducateurs. Sauf le pro fessorat, toutes les carrières les attirent et leur plaisent si elles touchent ù la politique par quelque côté. D’autre part, un professeur est un fonctionnaire ; dès lors, toute liberté d’opinions, toute indépendance d’idées lui sont interdites. S’il pense et parle comme le parti au pouvoir, nul inconvé nient pour lui ; s’il le combat, on le frappe. Et le jour où on lui reconnaîtrait une entière liberté de discussion, de quel droit pourrait-on la refuser à d’autres, aux militaires par exemple ? Il est encore d’autres considérations qui s’opposent à un mariage entre la politique et l’Université. Comment vou lez-vous qu’un père de famille remette le soin d’élever ses enfants à un profes seur dont les tendances, les convictions, même si elles n’ont rien de révolution naire, ne cadrent point avec les siennes ? Comment peut-on supposer qu’il lais sera pétrir, par ses mains naturellement suspectes, ces intelligences de cire molle et admettra qu’elles leur impriment une empreinte et un cachet ? Il sait fort bien que, n’ayant pas encore les moyens de se faire des opinions qui lui soient pro pres, son fils en prendra à côté de lui, à sa portée, sous sa main. Comme il passe deux mois dans sa famille et dix au collège, il subira nécessairement l'in fluence, du professeur diamétralement opposée à l’influence de sa famille. Ce sera, sans doute, un bon élève puisqu’il partagera les vues, les croyances de son maître ; ce ne sera point un très bon fils puisqu'il repoussera les vues et les croyances de ses parents. Et cet élève lui-même, dans quel embarras le mettrez-vous ? Quel cas de conscience délicat pour son âge et quel choix difficile pour son esprit I Placé entre son professeur et son père, qui ne s’entendent sur rien-, lequel écouter et lequel suivre ? Joignez à Cela qu’il se trouve en grand péril de politiquer, alors que des soins bien différents le sollici tent. Entre la politique et son devoir, un professeur doit opter. Si le souci, le goût, la passion de la chose publique l’emportent, qu’il s’y consacre et lâche renseignement. Ici, comme en bien d’autres cas, c’est encore le bon, le sage Sanclio Pança qui a raison avec ses pro verbes : On ne peut pas courir deux liè vres à la fois....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
En savoir plus Données de classification - duverger
- brion
- grip
- rivelli
- chanot
- pélissier
- le quesne
- trubert
- georges
- anne
- marseille
- balao
- espagne
- sing
- alger
- oran
- paul
- maroc
- paris
- maurice
- bourse du travail
- la république
- république française
- ma
- exposition coloniale
- m m.
- conseil général
- armée russe
- entre autres
- ap