Extrait du journal

L’ingéniosité de la réclame est inépuisa ble. Elle vient de trouver une compensation — charmante, ce coup-ci — aux déboires que lui cause la taxe récente, taxe quasiprohibitive sur les panneaux de bois, de toile ou de zinc dont elle a trop zébré nos sites les plus pittoresques depuis quelques années. Le bon goût ayant prévalu au Parlement, voilà les clients des agences de publicité ré duits à chercher autre chose que le banal poteau-annonce planté au milieu des champs, au flanc des coteaux, au sommet des pics. Et déjà l’on nous apprend qu’ils ont trouvé l’astucieuse équivalence. Mais contre le procédé nouveau, per sonne ne dira rien, car il est gracieux et amusant. Il sera cher aussi ; par suite, on ne le prodiguera pas. Au lieu d’être perpendiculaire au sol, la réclame sera désormais parallèle au sol, horizontale. Comme elle est destinée à être lue sur tout par les voyageurs en chemin de fer ou en automobile, toujours élevés d’un bon mètre au-dessus du sol, elle produira son effet sûrement. Quand on voyagera dans les airs, elle sera tout à fait appropriée au nouveau genre de locomotion ; ne parle-t-on pas déjà d’installer ainsi, dans la position ho rizontale, des écriteaux destinés à indiquer les noms des villes et principaux villages ? En attendant que nous en arrivions là, nos rusés entrepreneurs de réclames ont trouvé celle-ci : Ils louent un champ ; dans ce champ, au lieu de planter le poteau vulgaire, con damné en fait par la loi nouvelle, ils sè ment des fleurs. Ils les sèment à bon escient, suivant un ordonnancement qui correspond à l’ordre du client, de manière à former le nom de celui-ci en rouge, par exemple, au milieu d’un petit pré vert. C’est sur le réseau d'Orléans que ce nou veau système vient d’être inauguré. Comme la meilleure réclame est incontestablement celle qui se résume dans un mot, dans un nom composé de quelques lettres, c’est un...