Extrait du journal
UNE ETAPE MOUVEMENTEE On nous signale que les dernières pluies cl les inondations qu’elles ont occasionnées ont causé des difficultés sérieuses dans la marche des troupes qui sc déplacent actuellement. I.e 10= bataillon d'artillerie, parti le 25 avril de Marseille, se rendant à Nîmes pour v exécuter ses tirs de guerre, franchissait lundi dernier la longue étape de 33 kilomètres qui sépare Orgon de Tavascon. au petit jour le bataillon s'était mis en mar che par une pluie battante qui ne devait cesser qu'a près l'arrivée à l’étape. Nos braves artilleurs étaient cependant partis gai ment et avaient déjà franchi les deux tiers du chemin, quand ils se trouvèrent subitement en face d'une route submergée sous une couche d’eau de vingt à quatre-vingts centimètres. Il fallut faire un détour par Salnt-Eticnne-du-Grès, mais là. la route ne tardait pas à dis paraître encore sous les eaux. La marche devenait particulièrement dangereuse, car il y avait a droite un canal très profond, sans parapet; à gauche, un fossé dans lequel un cheval aurait disparu. Mais il faut avancer quand même et fran chir les cinq kilomètres qui séparent de Tarascon. I.e commandant de la colonne, avec deux officiers, se place en tète de la troupe ci guide la marche. Par instants, le ciel est si sombre et la pluie si serrée qu’on y voit à peine devant soi. Enfin, "après une heure et demie d efforts, la colonne entière parvient en haut du talus du chemin de fer sans un seul retardataire. Par bonheur, le quartier de cavalerie so trouve à l'entrée de la ville, et le colonel de dragons a prévu le piteux état dans lequel doivent se trouver les artillcurs.il a envoyé un de ses officiers au-devant du commandant de la colonne et s'est porte lui-même à sa ren contre. Il fait entrer les artilleurs dans les chambres de ses hommes ; des vêtements secs et des galoches ont été préparés et sont Immédiate ment distribués. Un vin chaud réconfortant ramène la bonne humeur. En un clin d’œil, voilà nos artilleurs méta morphosés en dragons. Grâce à ce précieux concours, les épreuves de la route sont oubliées. Le lendemain étant jour de repos, les vêtements mouillés auront le temps de sécher. On se demande, dans cette petite odyssée, ce qu’il faut louer davantage, de l’endurance do la troupe et de la vigilance de ses officiers, ou de l’intervention si heureuse des dragons. Au demeurant, ce trait de fraternité d’armes n’est pas fait pour nous surprendre et c’est bien volontiers que nous le soulignons, les sous-officiers du 10* d'artillerie nous ayant de mandé de remercier publiquement, en leur nom, leurs camarades du il* dragons.— G. UNE FACÉTIE CONSULAIRE Lorsque les consuls français se mettent à être facétieux, ils ne le sont pas à demi. On s’en aperçoit lorsqu'on leur demande des renseignements commerciaux ou lorsqu'on sollicite d’eux en pays étranger la protec tion qu’ils doivent à leurs nationaux. Mai? le consul de Beyrouth a dépassé la mesure Il y a quelque temps son tribunal consu laire condamna à 3 mois de prison pour vagabondage, trois Arabes dont une femme. N’ayani pas de prison à Beyrouth, le conseil a eu l'heureuse inspiration de faire venir en France, à Marseille, les trois Ara bes pour leur faire purger leur peine à la prison de Saint-Pierre. Les deux Arabes, la femmes et quatre enfants ont été trans portés de Beyrouth à Marseille par un paquebot et iis étaient conduits, hier malin, au palais de justice pour y recevoir leurs billets d’écrou. Mais on a dû, au palais, se préoccuper des quatre enfants qui, eux, ne pouvaient pas suivre leur père et mère en prison. Ils ont été dirigés sur l’hospice de Sainte-Mar guerite. Or, si on calcule les frais engagés par le consul de Beyrouth pour faire exécuter la peine prononcée par son tribunal consu laire, on peut établir combien coûtera cette facétie : transport des Arabes à bord de? paquebots, frais occasionnés par leur séjoui à la prison Saint-Pierre, frais de séjour des enfants à l’ho
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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