Extrait du journal
J’ai rencontré M. Pantalon. Peut-être I’avez-vous rencontré aussi ? Il a l’air d’un excentrique. Mais, n’en croyez rien. C’est un élégant, voilà tout, et ha billé, s’il vous plaît, à la dernière mode. Il a un pantalon... Ah ! ce pan talon !... Voyons, comment pourrai-je vous donner une image exacte de ce pantalon 7 De loin, j’ai cru d’abord que notre homme était une femme — Je veux dire qu’il avait une robe : non, deux robes, une pour chaque jambe. Et quand j’écris : une robe, ce n’est pas à cette sorte de petit pagne actuel, qui va de la taille au genou que je pense... Je pense à la robe d’autrefois, qu’on ne voit plus que sur les femmes qui sont en religion ou, encore, sur celles qui font de la contrebande. C’est dire si le pan talon de M. Pantalon était large et long... Mais large et long, comme on ne saurait en avoir idée. Vous avez certainement vu, dans un film américain, un petit bonhomme de rien du tout, maigre comme un clou, poursuivi et privé brusquement, à la suite d’une mésaventure, qui fait écla ter de rire la salle obscure, de son pan talon. Il entre en trombe dans un apparte ment. Un pantalon est là, sur une chaise. Sauvé 1 Notre avorton enfile le pantalon providentiel... Nouveaux éclats de rire dans la salle. C’est le pan talon d’un colosse, et notre comique trouverait facilement à se loger, et sa famille avec lui, dans l’une des jam bes. Voilà le pantalon que portent, allègre ment, nos jeunes gens, après les jeunes Anglais. Au repos, ils ont l’air d’avoir le torse monté sur des jambes qui ne sont pas à eux. Lorsqu’ils marchent, on ne volt pas leurs jambes se plier ; on n’aperçoit qu’un flottement de drap du plus heureux effet. M. Pantalon a, cependant, un souci de moins que nous, hommes aux panta lons étroits : le pli. Plus besoin de ten deurs ou de dictionnaires pour le con server, ce fameux et fragile pli ! M. Pantalon peut s’asseoir librement, croi ser les jambes comme 11 lui plaît. 11 n’a plus à redouter au genou cette disgra cieuse bosse, qui disqualifiait à Jamais un élégant. M. Pantalon est heureux. Sa jeune femme l’admire, pouffe et lui dit : — Mon chéri, tu devrais le garnir de volants I Léon Bancal....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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