Extrait du journal
Sacrifices Stériles Paris, 10 janvier. Lé communiqué d’hier a annoncé la reprise, par les Allemands, de Burnhaupt-le-Haut, en Alsace. C’est là un simple incident de guerre et qui n’a qu’une importance secondaire, tant que notre établissement sur les contreforts orientaux des Vosges n’est pas entamé. Il est la preuve, cependant, que l’ennemi s’inquiète fort de nos constants progrès vers les plaines de l’Ill et qu’il ne recule point devant les sacrifices pour essayer de les enrayer. Les forces qu’il a lancées contre Burnhaupt-le-Haut étaient très supérieures à celle que nous avions en la place. Une résistance opiniâtre et trop prolongée de notre part eût donc risqué de compro mettre la situation générale et de mettre en danger les positions avoisinantes. On a préféré reculer un peu, mais pour mieux atteindre l’adversaire et lui faire payer sa conquête plus cher. On a bien fait, puisque la valeur d’une brigade allemande a été le coût de l’opé ration. Notre artillerie, en particulier, a produit des ravages terribles dans des troupes qui, à leur habitude, attaquaient par bataillons épais. puant au léger retrait de nos forces, ikne change que fort peu de chose, je le répété, à ce qui existait avant. Nous res tons maîtres des hauteurs qui dominent Cernay ainsi que de la forêt'située au Sud Là encore, cependant, les Allemands ont redoublé d’efforts pour nous débusquer. Mais nous sommes solidement installés, en sorte que, malgré quelques succès passagers, leurs furieux assauts n’ont abouti finalement qu’à des hécatombes inutiles et, au total, la reprise de Burnhaupt-le-Haut a coûté plus cher que certainement elle ne vaut. De même qu’çn Alsace, les progrès de notre offensive dans la région de Soissons et de Perthes-les-Hurius semblent avoir piqué au vif les Allemands, qui ont riposté par de violentes contre-attaques, toujours coûteuses et toujours refoulées. Les généraux du kaiser, pas plus que le kaiser lui-même, ne sont guère mé nagers de la vie de leurs hommes. En dépit d'expériences désastreuses, ils per sistent dans leur tactique de bloc qui ne va point sans de pénibles sacrifices. Nous ne pouvons nous en plaindre, d’au tant, plus qu’ils éprouveront, un jour ou l’autre, que tout a une fin et que, même quand les ressources sont énormes, les sanglants gaspillages finissent toujours par exercer sur le moral du soldat une influence déprimante que l’afflux de ren forts ne compense pas. N’oublions pas que les Allemands qui combattent sur deux fronts sont main tenant obligés, par surcroît, de venir en aide à leur allié dans l’embarras. Si à l’éparpillement qui résulte pour eux de cette situation nouvelle viennent s’ajou ter des pertes irréparables, on se de mande s’ils pourront très longtemps sou tenu une lutte aussi onéreuse et surtout maintenir au niveau nécessaire l’énergie de leurs soldats. On affirme qitien Bologne ils ont, dans la seule nuit du lv au 2 janvier, sacrifié 40.Û00 hommes. Ici, je ne sais ce qu’ils ont perdu dans leurs contre-attaques, mais ce doit être important, au dire des communiqués. Croit-on que des troupes pareillement décimées conservent leur trempe et leur cohésion ? Nos ennemis se distinguent du reste des humains, nul ne l’ignore, par la bru talité et le mépris de la vie des autres. Mais ces choses n’ont qu*un temps et elles ne résistent point à la méthode, à la constance et à l’adresse. Nous con tinuerons donc à opposer à leur violence ces qualités qu’ils n’ont pas....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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