Extrait du journal

L’abonné qui m’a demandé un article sur la. migraine croit m’avoir Indiqué un sujet très simple et très commode à traiter : mon aima ble correspondant se trompe beaucoup, car rien n’est plus difficile que de décrire le protée de la pathologie nommé miyralne dans le monde et hémicranie à la Faculté. En effet, si les bûcherons philosophes ont raison de dire : 4 il y a fagots et fagots », les médecins observateurs sont non moins auto risés à crier : 4 il y a migraines et migraines», sans songer le moins du monde à la migraine fantastique des belles mijaurées, sans faire la moindre allusion à la fallacieuse et presti gieuse indisposition qui enthousiasmait Balzac et dont Méry disait : 4C’est une admirable invention qui durera jusqu’à la fin des fem mes. » Même en écartant les fausses migraines, les migraines véritables sont tellement diverses qu’un autour dont i’al oublié le nom a pu dire, sans trop d’exagération : « Autant de têtes, autant de migraines.» Ceci posé, pour bien indiquer que chercher à décrire la migraine, c’est vouloir photogra phier un enfant qui bouge sans cesse devant l’objectif, voici, sans ressemblance garantie, quelques traits généraux. La migraine est une sorte de mal de tête sans fièvre, unilatéral, ayant pour siège par ticulier la région orbitaire et temporale, s’ac compagnant d’un grand malaise de peu de durée et se terminant généralement par des vomissements. L’intensité de la migraine est très variable : on peut l’avoir et la supporter sans être obligé d’interrompre ses occupations ordinaires; on peut aussi en être torturé jusqu’au délire ou accablé jusqu’à l’affaissement complet. Fort heureusement, meme dans sa forme la plus pénible, la migraine n’a aucune gravité. Elle...