Extrait du journal
On nous écrit de Paris, le 10 février : Depuis que je fréquente les couloirs du Pa lais-Bourbon, j’ai vu se succéder bien des Chambres ; je n’en ai pas encore vu une seule qui donne, au même degré que celle-ci, l’im pression de l’impuissance, d’une impuissance qui semble malheureusement incurable. Elle réussira sans doute à voter vaille que vaille le budget aux environs de Pâques ou de la Tri nité ; elle ne réalisera point cette réforme électorale que la plupart de ses membres ont promise, que le pays exige impérieusement. Les partisans les plus résolus de la représen tation proportionnelle en conviennent main tenant. Plusieurs, comme l’homme au sonnet, désespèrent alors qu’ils espèrent toujours ; beaucoup ne conservent aucune illusion. De puis six mois qu’ils siègent, les commissai res qui élaborent cette réforme nont pas réussi à mettre sur pied un projet ; nouvelles Pénélopes, ils font, défont, refont inlassable ment leur toile. Cela tient, en grande partie, à ce que, s’ils s’entendent sur le principe, ils sont en désaccord sur les détails, dont plu sieurs sont pourtant essentiels. On prévoit qu’oa de ces détails fera tout échouer. M. Charles Benoist lui-même ne paraît plus sa voir exactement ce qu’il veut ni où il va. Un jour, il veut ceci et, un autre, cela ; puis, le surlendemain autre ciiose, non pas précisé ment que son opinion se modifie, mais parce qu’il s’efforce de découvrir quelque transac tion. Il flotte indécis, cède, se reprend, pour s’abandonner une fois de plus. Joignez à cela que, parmi les proportionnalistes de la pre mière heure — jugez des autres ! — on en cite qui découvrent au scrutin d’arrondissement des vertus jusqu’à ce jour insoupçonnées et quelques charmes aux mares stagnantes. Cette impuissance de la Chambre, qui se ma nifeste et s’accentue de semaine en semaine davantage, provient de plusieurs causes. L’initiale, dont presque toutes les autres dé coulent, n’est autre que cette indécision, ce dilettantisme que je vous ai déjà signalés chez le président du conseil. Si, dès la première heure, il avait pris en main, et résolument, les 207 députés nouveaux, l’allure et l’esprit de la Chambre en eussent été changés. Or, il n’a réussi qu’à leur inoculer sa propre atonie....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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