Extrait du journal

Grisé par ce contact, Gaubo l’enlaça de ses bras : — Ne pleurez pas ainsi, Reine, lui (lit-il, vous me brisez le cœur. Qu’avez-vous ? Que vous a-t-on fait ?... Parlez, je vous en con jure. — Ce que j’ai aujourd’hui ?... dit-elle en fin au milieu de ses larmes. Vous me le de mandez, vous, vous?... qui savez ce que j’endure, ce que je souffre?... Mais rien de plus que ce que j’avais hier. Je suis meurtrie, piétinée, foulée aux pieds !... Je suis dans un enfer dont je ne puis sortir sans que le déshonneur m’attente à la porte, et vous me demandez ce que j’ai?... Ah ! sans vous, Clément, je me serais déjà tuée, ou bien... Un terrible regard de ses yeux énergi ques acheva sa pensée. Deux secondes d’un silence lourd se firent. Puis la jeune femme. subitement très décidée, très calme, reprit sa phrase inter rompue : — Ou bien, je l’eusse tuée, elle, la mau dite qui me met à un si dur martyre. Clément était plus livide qu’un trépassé. — Taisez-vous, Reine, dit-il ; je no puis entendre votre bouche parler ainsi de celle (jue j’ai juré de servir toute ma vie — Si vous saviez où les choses en sont arrivées ces jours-ci !... — Je ne veux pas le savoir. D'elle, pour moi, rien ne se doit discuter. — Alors, Je dois lui obéir? — Aveuglément, oui, notre liberté à tous les deux est à ce prix. Elle voulut protester. Gaube lui ferma la bouche. Le visage fin et décidé du valet de cham bre, était tout tiraillé de tressaillements nerveux, involontaires....