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Le Petit Marseillais, 14 février 1911

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Le Petit Marseillais
14 février 1911


Extrait du journal

première apportez un rayon de soleil dans la nuit du déshérité ! — Ne suis-je pas votre sœur de misère ? — Ma sœur de misère ! radieuse vision de jeunesse et de pureté que je tremble de faire évanouir rien qu’en l’admirant !... Valentine I Valentine, si vous saviez quel bien vous donnez au malheureux à qui votre grâce compatissante procure l’unique joie goû tée depuis... depuis tant d’années... Si vous pouviez comprendre quel fut le lot de souf france de celui dont vous vous nommez la sœur de misère !... J'étais très jeune, je pos sédais une famille riche, considérée... j’avais le plus honorable et à la fois le meilleur des pères, la plus tendre, la plus chérie des « ma mans »... Le détenu fit une pause, les sanglots l'étran glaient. .. — Des amis m'entouraient que je croyais sincères, les femmes me fêtaient... L’avenir s’ouvrait pour moi plein de riantes perspecti ves... Et un coup de foudre inexplicable m’a jeté dans cet enfer qu’est le bagne !... A Tou lon j’ai traîné le boulet des galériens... J’ai été pendant de longues semaines enfermé dans la cage de fer au fond de la cale d’un vieux bateau... j’ai usé mes bras aux durs travaux forcés... Mon père et ma mère sont morts, tués par le chagrin... je n’ai plus de famille, mes amis m’ont abandonné... Moi, qui avais grandi au sein de l’abondance, du luxe, j’ai enduré toutes les privations... Eh bien’ 1 ce qui me fut toujours si pénible, c'est de passer tristement seul au milieu de la tourbe des malveillants ou dos corrompus sans découvrir un être auquel je fusse même tenté de dire ce que je vous crie aujourd'hui, bel an ce de miséricorde : Je suis un forçat, je ne suis pas un criminel ! Une méprise fatale, la maladresse des uns, la rancune des autres, la passion politique aussi peut-être me firent condamner pour un crime que je n’avais point commis. Ecoutez, Valentine, la protestation que je ne daignai répéter à personne après...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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