Extrait du journal
à ce moment, « était fort droit, l’air ex traordinairement fier et imposant, le front haut et des yeux de feu, quoique enfoncés ». La fatigue, ses blessures en core saignantes le firent s’évanouir. Le cortège suspendit un instant sa marche, puis la reprit. Rentré dans son cachot, Charette y reçut la visite de sa sœur et de sa cousine : « Retenez vos larmes, leur dit-il, et n’affaiblissez pas mon cou rage dont j’ai besoin plus que jamais. » Le 29 mars,il comparut devant un con seil de guerre qui le condamna à mort et ordonna que l’exécution aurait lieu le même jour, à quatre heures. Sur sa demande, Charette reçut la visite d’un prêtre, mais assermenté. Il se confessa, néanmoins, et, à quatre heures, lorsqu’un roulement de tambours se fit entendre, l’abbé lui dit, en serrant sa main avec une visible émotion : « Vous êtes prêt, monsieur, marchons. » Il alla vers la mort d’un pas assuré. En passant rue de Gorges, il aperçut à une fenêtre un vieillard vêtu de noir qui tenait à la main un mouchoir blanc et il s’inclina devant lui. C’était un prêtre réfractaire, amené là par sa sœur pour lui donner l’absolution. Sur la place des Agriculteurs, 5.000 hommes de troupes formaient le carré. Apercevant Travot, Charette l’aborda et, pendant deux minutes,échangea avec lui quelques paroles à voix basse. Ensuite, il se porta face au peloton d’exécution, ne donna qu’un regard au cercueil et, au prêtre qui lui disait : « Du courage ! » il répondit : « J’ai bravé cent fois la mort ; j’y vais pour la dernière fois sans la bra ver et sans la craindre. » Ayant fait son acte de contrition, il posa sur son cœur sa main droite, en disant aux soldats : « Ajustez bien ; c’est ici qu’il faut frap per un brave. » Des dix-huit balles tirées, six le frappèrent en plein corps, une au tre vint trouer la tempe gauche et la huitième traversa l’œil sans effleurer les paupières. Il resta un instant debout : puis, le corps s’inclina à gauche et tomba lentement. Ainsi mourut celui dont Na poléon disait,à Sainte-Hélène: « Charette me laisse l’impression d’un grand carac tère. Je lui vois faire des choses d’une énergie, d’une audace peu communes ; il laisse percer du génie. »...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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