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Le Petit Marseillais, 15 février 1900

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Le Petit Marseillais
15 février 1900


Extrait du journal

Nosfabricants de programmes,d’exa mens et do concours, nos organisa teurs de victoires universitaires ne se rendent pas compte de tout le mal qu’ils font à nos jeunes gens. Sous prétexte de hausser le niveau de l’ins truction ou d’exciter des émulations écolières, ils anémient les plus vigou reuses intelligences et détraquent les plus robustes cerveaux. Je connais clés lycéens dont les nuits sont hantées par des cauchemars abominables : ils ont, dans leur sommeil, des visions de thèmes, de compositions françaises, do problèmes; il semble qu’il n’y a rien autre pour eux dans la vie qu’un devoir à bien faire ou qu’un rang d’honneur à conquérir. J’ai dans mon voisinage un lycéen externe de seize ans qui s’acharne jus qu’au delà de minuit sur ses livres de classe. Son père gronde, sa mère pleure; rien ne lui fait : son travail avant tout ! Que dirait le maître si le lendemain, au lycée, il arrivait avec une leçon mal sue ou une composition mal achevée? Et le matin, quand toute la maisonnée dort encore, le lycéen est debout; il a rêvé de ses leçons et voilà que scs leçons à la première heure l’attirent. Ceux-là sont de grands coupables qui nous font ces jeunesses ainsi accablées sous les programmes et suc combant sous le faix des devoirs. Qu’un tuyau vienne à crever dans le lycée où s’éreintent de tels élèves, qu’une cause d’insalubrité quelconque lasse naître une épidémie et vous verrez quelles proies faciles sont tou tes prêtes! Ce qui se passe au lycée Saint-Louis nous est, ce me semble, une assez lugubre leçon. Le surmenage intellectuel est trop souvent le complice de la fièvre typhoïde. Quand il a suffisamment gavé le cerveau et congestionné uno jeune tête, le moindre accident épidé mique devient un fléau. Les beaux et brillants lycéens no résistent pas au mal qui passe et les espoirs des futurs concours s’évanouissent dans le deuil. Demandez plutôt aux familles qui pleurent en ce moment leurs enfants dont leur amour s’enorgueillissait! Je souhaite que nos grands pédagodc...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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