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Le Petit Marseillais, 16 mai 1912

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Le Petit Marseillais
16 mai 1912


Extrait du journal

le remède ; et c’est ici où M. Weyl a des aperçus nouveaux sur la • question. Après avoir passé en revue toutes les causes auxquelles on a communément attribué la diminution de la natalité, il trouve une cause primordiale, dont il ne nous fait point, d’ailleurs, un reproche. Il estime que les Français, et il a l’air de bien les connaître, encore ou quoique étranger à notre pays, ont le défaut de leur qualité. Nous sommes trop écono mes, trop prévoyants de l’avenir de nos enfants. Après avoir eu pendant long temps le souci du bas de laine, nous avons maintenant le souci de la Caisse d’épargne. Nous prêchons l’économie et la prévoyance à tous les degrés et nous avons appris aux enfants qui fréquen tent l’école laïque que le sou consacré naguère à l’achat d’un bâton de sucre d’orge était beaucoup mieux employé en le plaçant sur im livret scolaire. Et alors n’est-il pas rationnel que les parents commencent par considérer la réduction du nombre des membres de la famille comme la première des économies ? Avoir un ou deux enfants peut être bon, voire même nécessaire; en avoir trois ou quatre, c’est du luxe ; en avoir cinq ou six, c’est, de la prodigalité qui touche à la démence ! Et le petit bonhomme âgé de 6 à 7 ans qui met religieusement de côté les quelques sous hebdomadaires que ses ancêtres consacraient, à des frian dises, comment pourrait-il souhaiter d’avoir beaucoup de frères et de sœurs avec lesquels il lui faudrait, de bonne heure partager ne modeste profit, en attendant qu'il soit obligé de partager un jour avec eux l'héritage paternel ? C'est là et non ailleurs, nous apprenti M. Weyl, qu’il faut, chercher la cause du mal qui «appauvrit, la France en hommes, mais qui t'enrichit en argent. Et. le plus intéressant, est qu'un autre sociologue, M. Georges Deherme, dans une revue française, la Coopérai ion des idées, en étudiant le même mal, lui a trouvé les mêmes origines, mais pour aboutir à des conclusions diamétrale ment opposées. Et, il rite à l’appui de sa thèse une statistique bien curieuse de M. Mombert. Ge dernier a divisé l’Allema gne en 78 zones d’après leur degré de fécondité, et il a remarqué que cc-tte fécondité est. en raison inverse du nom bre des livrets de Caisse d’épargne dans la même zone. Ainsi, quand il y a, par exemple, 386 naissances pour J.000 fem mes mariées, nous trouvons sorttement 140 livrets d'épargne pour 1.000 habi tants ; à 333 naissances correspondent 206 livrets ; à 397 naissances, 264 livrets; à 230 naissances, 331 livrets. Mais si M. Deherme est d'accord avec M. Weyl pour reconnaître que l’épargne et la prévoyance poussées à l'excès ne sont point favorables à la création de familles nombreuses, ils ne s'accordent, pas sur le point de savoir s'il est. préféra ble pour une grande nation d’être riche en argent- et pauvre en hommes, ou riche en hommes et pauvre en «argent. Gela dépend, bien entendu, de l'idéal que poursuit cette nation : si elle place au premier rang de ses préoccupations son rôle mondial, si elle veut être forte et res pectée partout, si elle veut accroître sans easse le patrimoine national que lui ont laissé les générations passées, elle doit avoir beaucoup d’hommes afin d’essai mer sous toutes les latitudes ; mais si elle veut se borner à procurer à chaque citoyen le maximum de bien-être ou mieux le maximum de» jouissance que mettent chaque jour à sa disposition les progrès de la civilisation, elle n'a qu'à remplir scs coffres, ce qui lui procure en outre le plaisir de souscrire à tous les emprunts de voisins moins économes et de satisfaire aux exigences croissantes de l’Etat qui, à l’encontre de l’individu, reste le plus incorrigible des prodigues. ADV. Voir, plus loin, les détails sur la capture des Bandits Garnier et Valet, les Dépêches de la Nuit et la Dernière Heure....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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