Extrait du journal

ignore la jalousie de la richesse et la rivalité des classes. Il y a. au fond, dans chaque esprit cette idée très simple que le pauvre d’aujourd'hui sera sans doute le riche de demain, comme le riche d’aujourd’hui a sou vent été le pauvre d’hier. Dès lors, le marchand de pommes qui est frôlé par une quarante chevaux rie 2.000 dollars dans la Cinquième Avenue n’en conçoit aucune irritation, car il se voit très bien, dans cinq ans, assis dans la même voiture. Et les honnêtes commerçants qui, le diman che, viennent faire un tour dans les allées du Waldorf ne doutent pas que, si les affaires reprennent un peu, ils pourront très bien, l'année prochaine, y élire domicile. On* a, aux Etats-Unis, bon esprit et bon espoir. L’espoir est peut-être bien surtout à la base de l’âme américaine. J'ai, pendant les quinze jours que je viens de passer à Washington et à New-York, parlé avec des centaines d’Américains de toute profession et de tous rangs. Je n’en ai pas entendu un seul qui n’ait manifesté une sorte de foi mystique dans une remise en marche de toute la machine. Oui, les choses ne vont pas très bien au jourd’hui : mais nul doute quelles n’iront mieux demain. Oui. des fau tes ont été commises ; mais c'est le propre de l’humanité d'en commet tre et de ne pas toujours profiter de la leçon. L’optimisme, cet optimisme que l’Américain porte en lui dès l’aube de la vie, cet optimisme qui vient d'être en partie la cause de son malheur, ne l’a pas abandonné. On pourrait presque prophétiser que, quoi qu'il advienne, il ne l’abandon nera jamais. Et cette fois, d'ailleurs, on ne saurait le lui reprocher, car l'optimisme est malgré tout un grand guérisseur. Comme me le disait M. Farrell, président de la puissante corpora tion de Varier : — Les peuples qui meurent sont les peuples qui ont perdu l’espoir. L’espoir, c’est la vie... . STEPHANE LAUZANNE....