Extrait du journal

— Bon! flt-il à mi-voix, mon lit sera bientôt fait ce matin ! Ainsi J’aurai moins d’ouvrage... Quant à mon déjeuner... Tout en parlant, le petit garçon extrayait de sa besace un gros morceau de pain bis et assez dur,auquel il mordit bellement. Ensuite il se leva et cueillit des fraises, de jolies fraises parfumées qui montraient, sous leurs feuilles d’un vert tendre, leurs pointes rouges comme du sang. Quand la faim du garçonnet se fut apaisée, il mit le reste du pain dans son hissac, en passa la courroie en bandoulière, puis il se dirigea vers le sentier prochain. — j’espère, se dit l’enfant, que je trouverai tout à l’heure uu ruisseau ou une mare et que je pourrai y faire ma toilette et boire un peu si l’eau est claire... Ensuite, je tâcherai de quitter cette im mense forêt où je me suis égaré hier soir et si je rencontre une ferme, peut-être qu’on voudra bien m’employer. C’est lo moment des foins : je suis assez fort... et surtout peu exigeant quant au sa laire... Allons I en route ! Sous ses pas, quelques brindilles craquè rent ; il frôla des ronces qui s’accrochèrent à ses habits : cela fit un bruit qui réveilla en sursaut Isabelle. Elle tressaillit, regarda autour d’elle, tendit l’oreille. Les pas du garçonnet résonnaient, pressés, dans le sentier. Qu’était-ce que cela f Alors, se dressant brusquement, la folle, hagarde, tremblante, se cramponna contre le chêne. — On me cherche,dlt-ella,les dents claquan tes d’effroi, on veut me prendre Paulette et la tuer, la tuer!... Saisissant la fillette, que, dans la hâte de se lever, Isabelle avait laissée sur la mousse, elle...