Extrait du journal

femme fait toujours le même tra vail. Mais elle est mariée. Quel crime ! Son salaire ne sera plus déduit. Le fait du mariage sera puni. Dans une ville de province, deux frères vivaient dans la plus parfaite harmonie. L’on était quincaillier, l’autre mercier. Chez l’un et l’au tre la femme sert au magasin, tient la caisse, bref joue le rôle d’une employée. Mais, mariée, donc dans une situation inférieure. Le salaire de la légitime ne peut être déduit. Alors les frères ont une idée bien simple, mais en quelque sorte gé niale. Ils changent de femme, en tout bien, tout honneur. La femme du quincaillier sera caissière chez le mercier; la femme du mercier sera caissière chez le quincaillier. Et le fisc sera joué, bien joué. Farnier, trrand couturier de la rue de la Paix, a une première qui a toutes les qualités. Elle est plus belle que Miss Europe .distinguée comme une vraie Parisienne, et sage comme une bonne demoiselle de province des temps anciens. Elle touche cinquante mille francs. Farnier l’épouse : tapis rouge aux marches de la Madeleine, gronde ment suave des orgues, attendris sement des midinettes. Slais le fisc, lui, ne se laisse pas attendrir. Far nier, qui cependant ne gagne pas un sou de plus, paiera sur cin quante mille francs de bénéfices de plus, puisque les cinquante mille francs que, suivant sa pro messe, il continue à donner à sa femme, ne seront plus déduits. Et son impôt global montera aussi. Le contrôleur, à qui il réclamera...