Extrait du journal
On nous écrit de Paris, le 21 septembre i C’est la première fois, depuis quarante et un ans, que le ministère de la justice est occupé par un magistrat, M. Jean Cruppi, ancien avocat général près la cour de cassation. Son entrée à la chancellerie a fait naître beau coup d’espérances. Tandis que la plupart des gardes des sceaux, absolument étrangers aux choses judiciaires, étaient obligés d’abandon ner la direction de leur département à des professionnels de.leurs amis, bien mal prépa rés souvent pour cet objet, on a l’impression que celui-ci va gouverner par lui-même. Il vient, d’ailleurs, d’en donner une preuve qui a fait quelque bruit. Le 22 août, les pro cureurs généraux ont tous reçu le télégramme que voici, émané du garde des sceaux luimême : « Prière me télégraphier si vous êtes personnellement à votre poste ou en congé ré gulier. » Quelques jours après, le même télé gramme était adressé aux premiers prési dents. Or, M. Barthou ayant cru devoir fixer du 1” août au l'r octobre, les vacances de la magistrature, il n’y eut pas beaucoup de chefs de cour qui purent répondre : « Présent ! » On assure que pas un seul premier président n’a pu être touché par le télégramme et que deux ou trois procureurs généraux seulement, sur 27, ont pu justifier de leur présence à leur poste. Presque tous les hauts magistrats, en effet, étaient aux champs, quelques-uns même à l’étranger. Les magistrats chargés de les remplacer ont dû faire connaître leur absence au ministre. Un certain nombre d’entre eux, avertis par leurs subordonnés, sont accourus à la chancellerie, pendant que les autres, in voquant des usages centenaires, ont sollicité un congé rétroactif. Le ministre, informé de certains abus, a voulu, par là, rappeler aux grands chefs de la magistrature qu’ils sont assujettis aux lois et règlements qui les autorisent à s’absenter., La mesure qu’il a prise a causé un vif émoi dans les milieux judiciaires ; beaucoup de chefs de cour ont réintégré leur résidence en déplorant la perturbation causée à leur repos annuel. Le garde des sceaux, satisfait de leur avoir donné cet avertissement, a décidé que, pour cette année, les choses suivraient leur cours habituel. II voulait faire davantage. Une circulaire énergique avait été préparée à la chancellerie pour établir dorénavant des règles nouvelles ; mais le conseil des minis tres, auquel elles furent soumises, a préféré les ajourner, quant à présent. Après cette al garade, les premiers présidents et procureurs généraux ont pu, non sans maugréer, rega gner les lieux de leur villégiature. M. J. Cruppi. qui n’a quitté son ministère que pour quelques jours, s’occupe activement d’apporter quelques réformes à nos institu tions judiciaires, qui en ont grand besoin. Il est partisan de la suppression d’un grand nombre de tribunaux et de cours d’appel, qui ne jugent pas un nombre d’affaires suffisant. ' IL veut la diminution des frais de justice* la...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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