Extrait du journal
« La Marseillaise, née sous d'autres deux, n'a pris son essor et teon nom, elle n’est devenue l'hymne des Français que parce que les Marseillais la lancèrent à travers la France. C’est en passant par la Louche de nos pères que son appel enflamma 1» pays. « il faut que demain, comme en 1792, l’appel lancé aujourd’hui par Marseille se répande à travers la France et l'enflamme toute entière. « Cet appel qui résume notre ferme volonté, notre inébranlable résolution, c'est celui-là même que lançait Rouget de Lisle dans son chant immortel, « Liberté, liberté chérie... » En disant cela, dimanche dernier aux Arènes du Prado, au nom du « Petit Marseillais », nous ne nous trompions pas. L'appel à la liberté jailli des poitrines marseillaises dans cette inoubliable réunion a réveillé à travers le pays des échos qui ne s'éteindront pas de sitôt. Le sursaut de Marseille a sonné le réveil des énergies françaises et nationales. Un historien contemporain a écrit « Rien de grand ne se lait dans |e monde, sans que le nom de Marseille n’y soit mêlé. » Cette vérité d’hier sera encore celle de demain.. Il suffit que nous le voulions. * i * * Donc, dimanche, Marseille a protesté contre l'asservissement rui neux et avilissant qu'une audacieuse minorité prétendait lui imposer. Marseille a exigé le respect de ses libertés. Marseille a fièrement salué les trois couleurs du drapeau national. Et maintenant ? S'assembler, s’exalter dans la ferveur patriotique, s’indigner, pro tester, c’était, au point où nous en étions, nécessaire. C’était indis pensable. ; Mais après ? Car on ne peut s'en tenir là. Les cris peuvent, dans une certaine mesure, soulager. Ils ne guérissent pas. Or la France est malade. Tous nous voulons la soigner et la rame ner à la santé.i * * * Imaginez que, dimanche, à la fin de cette réunion, un des audi teurs soit monté à la tribune et ait dit à la foule : « On vient de taire ici le procès de ce qui est. On a eu raison. Assez, assez de tout celà, c’est-à-dire du désordre, de l’insécurité, de l’anarchie, de nos droits bafoués, de nos libertés foulées aux pieds, de la loi étranglée... Nous sommes là-dessus tous parfaitement d’ac cords « Mais que voulez-vous mettre à la place ? » ... Si cette question vient au bout de notre plume, c'est parce que nous n’y pouvons pas échapper. Il n’est pas un de ceux qui étaient là-bas, dimanche, pas un de ceux qui auraient voulu et ne pouvaient pas y être qui ne se dise : — Et maintenant 7 Et qui ne se réponde à soi-même : — Maintenant, il faut faire quelque chose.. Oui, il faut faire quelque chose. Il serait criminel de laisser éteindre cette merveilleuse flamme (enfin allumée au foyer de la France., Puis on ajoute : — Il faut s’unir.. Il serait criminel aussi de ne pas prolonger cette union d’un jour. S'unir ?... Oui, mais sur quoi 7 Sur l'amour du pays.. C'est beaucoup. Le malheur de la France, ce n'est pas que sa bourse se soit vidée, c’est que son cœur ne contienne plus rien. Voilà le vide comblé. Et l’on se demande s’il ne faudrait pas, dans une certaine mesure, être reconnaissant à ceux qui ont permis aux Français de retrouver à leur « Marseillaise » un goût de révolte et de passion qu’elle avait peu à peu perdu, et à leur drapeau une beauté que l'habitude avait lentement voilée. * y * * Mais ce n’est pas tout. Réunis, reliés par une même foi, les Français veulent savoir quel chemin suivre. Pas d’équivoque dans ce rassemblement, qui est dans tous les espoirs. Les dernières élections ont été une explosion de mécontentement. Les événements qui les ont suivies ont montré que ce mécontentement ! était plus profond encore qu’on avait pu l’imaginer. Ce n’est pas faire de la politique qu’enregistrer une faillite. C’est ! tout simplement conclure, en bon comptable, l’examen d’un bilan. Ces derniers mois ont vu la faillite de 1 indifférence, de l'égoïsme, et de la routine. Or, il y a des milliers de Français qui s’aperçoivent non sans ter- \ reur que leur mécontentement a mené le pays et eux-mêmes au bord de l’abime. Ils s’arrêtent et réfléchissent. * î * * Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Ils ne retourneront pas à l’crdre ancien. Un vieil édifice s’est écroulé, qu'on ne reverra plus. Ceux-là même qui en étaient les locataires les plus avantagés n'ont rien fait pour en empêcher l’écroulement. Toute entreprise créée pour convier à sa reconstruction demeu rera vaine. Les Français veulent un ordre nouveau. Interrogez la jeunesse,...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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