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Le Petit Marseillais, 24 septembre 1907

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Le Petit Marseillais
24 septembre 1907


Extrait du journal

Un de nos collaborateurs parisiens nous télégraphie : Paris, 23 septembre. J’ai eu avec M. Henni on, le remarqua ble directeur de la sûreté generale, une conversation relative à l'état d'insécurité où sc trouve actuellement Marseille et au sujet de son départ prochain pour cette ville. — Vous allez bientôt à Marseille ? lui demandons-nous. — Bientôt, en effet, nous répond aussi tôt le très distingué fonctionnaire ; mais pas aussi prochainement que le disent les journaux. On annonce que je me trouve rai dans cette ville aujourd’hui 23 sep tembre. En réalité, je n’y serai que le lundi 30 septembre, et voici pourquoi : Je ne puis pas quitter Paris en ce moment ; l’une d’elles plus particulièrement. Je dois m’occuper, en effet, du voyage que le président de la République doit faire dans Lot-et-Garonne. J’accompagnerai le chef de l’Etat, selon l’usage, et c'est au cours de ce voyage que je pourrai me ren dre à Marseille. Le président doit aller à Marmande et à Villencuve-sur-Lot ; mais entre sa visite à la première ville et la se conde, il s’écoulera un délai de trois jours qu’il passera dans sa propriété du Loupillon. Ces trois jours-là, pendant lesquels je serai libre, j’irai les passer moi-même à Marseille. • — Pourriez-vous me dire ce que vous comptez y faire ? — C’est bien simple. Je vais étudier moi-même la situation de Marseille, afin de voir les moyens qu’il faut employer surle-champ pour la rendre normale, car elle est loin de l’être. En attendant la création de ces brigades régionales, qui, vous pouvez en être convaincu, assureront la sécurité dans les lieux où elles fonction neront, en attendant aussi le vote du pro jet de loi grâce auquel Marseille sera enfin dotée d’une organisation de police comme il lui en faut une, il est nécessaire que des mesures provisoires soient prises pour prémunir les tentatives criminelles dont la seconde ville de France est présen tement le théâtre. Ce qu’il faut, pour abou tir à un bon résultat, c’est de l’énergie, de l’activité et de l’habileté. Nous nous ar rangerons pour réunir ces trois éléments. Ils ne sont pas introuvables. — Mais pourriez-vous me préciser ce que vous voulez réaliser ? — Quant à entrer dans les détails, je ne puis le faire en ce moment, par la raison bien simple que je n’ai pas, à cette heure, un plan arrêté. Certes, vous pensez que j’en sais assez sur la situation, pour avoir, dès à présent, quelques idées ; mais, avant d’arrêter définitivement ce que je dois faire, il faut que je me renseigne sur place, que j’étudie l’état des choses. Un fait me frappe dès maintenant, c’est que, même avec les éléments actuels qui sont insuffisante, il faut l’avouer, il n’est pas possible qu’une pareille situation se pro longe. Fait-on assez ? Est-on inférieur à la tâche ? C’est ce que je saurai quand j’au rai vu les choses de près, et je les regar derai de près, je puis vous en donner l’as surance. Enfin, il y a un corps de police composé de plusieurs centaines de per sonnes. Il me paraît qu’on pourrait, avec un tel effectif, organiser des battues, des rafles, ramasser en bloc les gens suspects, faire des triages et mettre ensuite hors d’état de nuire les mauvais sujets. Mais, encore une fois, je n,e veux pas avoir une opinion arrêtée, avant d’avoir vu dans le détail. Au surplus, j’estime que la sécu rité doit renaître promptement à Mar seille. Elle renaîtra, je vous l’affirme. « Dans ce but,j’ai déjà pris une mesure. J’ai envoyé à Marseille quelques yeux qui vont m’y précéder et voir dans certains milieux, où il est indispensable qu’ils re gardent, en attendant que j’arrive. Ces émissaires qui, d’ici au 30 septembre, au ront le temps d’observer, pourront me fournir, dès que je descendrai du train, des informations très utiles. En vérité, il n’est pas tolérable que des bandes formées de jeunes gens de 18 à 25 ans puissent ter roriser une ville où existe une police, in suffisante, je le veux bien, mais enfin cette police existe. Mon intention est de me servir des bons sujets que peut comp ter la police marseillaise ; mais je leur adjoindrai des hommes que j’enverrai de Paris. « Encore une fois.il n’est pas possible que la situation qu’on me signale se prolonge. Vous pouvez m’en croire, elle ne se pro...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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