Extrait du journal

aides de Mathieu, Madeleine franchit les rangs de la foule et se jeta dans les bras de son père. Mathieu fut sur le point de les séparer, mais un vieux reste d’humanité l’en empêcha ,- et la jeune fille, contem plant le visage de son père, arriva ainsi jusqu’au pied de l’échafaud. Elle marchait doucement, sentant que chacun do ses pas la rapprochait du moment terrible où elle deviendrait orpheline. Jacques ne parlait pas ; il s’apprêtait à mourir noblement, pour la défense do sa religion, de sa cause ; il songeait aux martyrs d’autrefois et vou lait imiter leur exemple. Madeleine faiblit, quand elle dut se séparer de son père ; mais celui-ci lui dit d’une voix ferme : « — Nous nous retrouverons là-liaut, ma fille ; au revoir l Elle embrassa son père une dernière fois et s’agenouilla sur la terre, en cachant sa figure dans ses deux mains. Mathieu le Garrot prononça une harangue où il était question de trahison infâme, de supplice mérité ; la foule l’acclama et hurla : — Mort au parpaillot ! mort aux ennemis du duc de Guise I Mathieu ajouta comme péroraison : — Tu m’excuseras, libraire do l’enfer,- le duc de Guise avait ordonné de te pendre haut et court, je n’ai pas eu le temps de chercher un arbre. Tu te contenteras du garrot. Et, passant le cercle de fer autour du cou de Jacques L’Hommet, il l’exécuta aussi proprement qu’il avait exécuté Gaspard de Heu,- ce fut, du moins, la remarque qu’il fit, en buvant un verre de vin. Madeleine demeura longtemps au pied de l’échafaud; et, quand elle songea à s’éloi gner, elle trouva Poltrot de Méré auprès d’elle, il avait voyagé toute la nuit pour assister aux derniers moments de son ami....