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Le Petit Marseillais, 26 février 1896

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Le Petit Marseillais
26 février 1896


Extrait du journal

contre la Chambre des députés où il ne trouvait plus une majorité à son image, tandis que ses regards se repo saient avec complaisance sur le Sénat où il pouvait voir un grand nombre de ses amis, de ceux dont les votes l’avaient porté à la présidence, tou jours prêts à lui fournir un solide point d’appui pour étayer sa résis tance, s’il en était besoin. Ces dispositions ne furent que trop encouragées et exploitées. On a beau coup discuté sur 1ns causes du Seize Mai. En réalité, elles tenaient toutes dans la situation que j’expose. A ne considérer qu’à l’heure où il se pro duisit l’acte à jamais regrettable accompli ce jour-là, on peut affirmer qu’il fut personnel et spontané. Per sonne n’avait dit au maréchal : « Agis sez. » Mais, en réalité, l’acte eut de nombreux collaborateurs à gauche et à droite. Depuis quinze mois, les im prudents conseils des uns, les stériles violences des autres avaient « chauffé à blanc » le président de la Républi que. Le Seize Mai, il éclata et c’est alors qu’ayant renvoyé sans cause M. Jules Simon, il appela au pouvoir le duc de Broglie et M. de Fourtou. Témoin de ces événements, j’ose affirmer que ces deux hommes d’Etat, alors absents de Paris, éprouvèrent autant de stupéfaction que de surprise. Le duc de Broglie arriva et je me souviens de l’avoir entendu dire : — Qui eût cru cela du maréchal et qu’il nous jetterait si maladroitement à l’eau ! Mais, à quoi bon gémir? Il faut nager. Et dans la journée du 17, le maréchal disait à un de ses amis : — Voilà Decazes qui me propose un ministère avec Dufaure, je n’en veux pas. J’ai écrit à Fourtou. Je compte sur lui pour me tirer de là. M.de Fourtou y alla comme un chien qu’on fouette. Voilà, en peu de mots, ce que fut le Seize Mai, à l’origine, un coup de tête et bientôt un suprême effort des partis bonapartiste et royaliste contre le parti républicain, tenté trop vite et trop tôt à leur gré par le maréchal qui ne se douta pas qu’il allait devenir leur instrument et qui, de bonne foi, croyait ne servir que les intérêts con servateurs. On peut voir, à ces traits, qu’il n’y a rien de commun entra les événements d’il y a vingt ans et ceux qui viennent de se dérouler. ERNEST DAUDET....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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