Extrait du journal

bateau, mais il ne se rappelait plus com ment on l’arrêtait. On chercha dans la théorie : la traduction avait omis ce détail, et le bateau marchait toujours, et le bateau allait au diable ! Le comman dant eut une idée. Il mit la barre à bâbord en plein. C’était un bateau bien obéissant : il commença de décrire des ronds dans l’eau. Ainsi on avait évité, soit d’aller se mettre en plein sur un fond de roche, soit d’aller, un peu trop loin, explorer la haute mer. Alors le commandant respira : il n’y avait plus qu’à hisser le pavillon de détresse. Il se trouva, par forte fortune, qu’un navire de guerre français, la Guerrière, était en rade. Il se précipita charitable ment au secours de son collègue japo nais, qui tournait toujours, et lui prêta un mécanicien. Et le mécanicien dompta cette brute de mécanique qui ne voulait pas s’arrêter. Tels furent les débuts des fils du Soleil Levant dans la navigation à vapeur. Et voilà pourquoi, plus tard, quand ils se mirent sérieusement à nous emprunter nos outils de travail ou de destruction,nous les laissâmes faire avec un sourire. Ils étaient jugés. ’C’élaient des singes ! Ces singes ont battu, cette année, l’une des grandes flottes d’Europe. Après quoi ils allèrent à Portsmouth deman der le prix de leur victoire. Mais il sem ble que s’ils avaient appris, en moins de cinquante ans, à manœuvrer des navires et des armées, ils connaissaient moins l’art des négociations : et ils ont un peu — diplomatiquement — tourné en cercle. Mais ce n’est pas fini, allez 1 Us apprendront la diplomatie comme ils ont déjà appris le reste. En 1895, après avoir battu la Chine, ils se sont vu pri ver par la Russie, la France et l’Alle magne, du fruit de leur victoire. Cette année, vainqueurs de la Russie, ils se sont vus, à moitié route,abandonnés par leurs amis américains et anglais. Cela leur servira de leçon. Je serais bien étonné s’ils ne comprenaient pas qu’il n’.v a pas à compter sur la race blanche et que, avant de lutter contre elle, il faut organiser la Chine. Ils l’organise ront. PIERRE MILLE. T*5J «tKATOOT» A L'CDir. On nous télégraphie de Brest, 26 septembre: La municipalité collectiviste brestoise vient de trouver un excellent moyen de retaper une popularité déjà fortement ébréchée. Ce matin, le maire informe la popula tion, par voie d'affiches, que, désormais, le théâtre sera gratuit, à raison de deux cents places par représentation. Pour as sister au spectacle, il suffira de se faire inscrire sur un registre spécial déposé à l’hùtel de ville. Les citoyens seront ensuite admis, suivant un numéro d’ordre publié sur les affiches mômes annonçant le spec tacle du jour. Inutile d’ajouter que ce sont les contri buables bourgeois qui paieront les fiais, car le directeur de la scène municipale ne veut naturellement pas voir fléchir ses re cettes. Brest est décidément un pays de coca me. — C....