Extrait du journal
C’est un bel âge, mais M. Grévy n’est pas convaindu que ce soit l’âge de la retraite, et le Con grès partagera l’opinion de M. Grévy. PAUL BOSQ. L’AFFAIRE DlTsOLDAT AOBIB Nous avons sommairement raconté, dans notre numéro de vendredi 25 du courant, d’aprôs une dépêche de notre correspondant de Vannes, le supplice horrible infligé à un artilleur de cette ville, nommé Aubin, par l’ordre de son commandant, M. Bazaine, ne veu de l’ex-maréchal de ce nom. Voici comment le Progrès et Y Avenir du Morbihan racontent, dans tous leurs détails, les mauvais traitements subis par ce mal heureux artilleur. Aubin (Joseph), né à Rezé(Loire-Inférieure), jeune soldat de la deuxième portion de la classe, avait été incorporé dans la 4e batterie du 35® régiment d'artillerie. Bien qu’appartenant à une famille de riches cultivateurs, Aubin éprouvait une grande frayeur pour le cheval et ne pouvait se résoudre à en “monter un seul. Les instructeurs virent-ils en cela un mauvais vouloir? Toujours est-il que lundi dernier, Aubin refusant de monter à cheval, un sous-officier alla trouver le commandant Bazaine, qui donna l’ordre d'attacher le jeune soldat sur le cheval. Mais on ne se contenta pas de lier les jambes au malheureux, on le ligota complètement avec des cordes à fourrage ; on prétend môme (détail horrible) qu’une courroie lui fut passée autour du cou, puis le cheval fut lancé au galop dans le manège. On se figure les tortures du pauvre soldat, qui sentait à chaque secousse les courroies le serrer, l’étrangler, et la selle lui entrer dans le corps. A un moment donné, la selle tourna, le malheureux s'affaissa et tomba lourdement sur le sol, en se faisant à la tête une profonde blessure. Alors, au lieu de faire transporter immédiatement à l'infir merie le pauvre Aubin,[ceux qui étaient là s'achar nèrent sur lui. Un sous-officier s’approcha et frappa à coups de cravache le malheureux, qui se tordait dans d'affreuses douleurs. On le conduisit près du commandant Bazaine, et sous ses yeux, sur ses ordres, dit l'Avenir, on malmena le malheureux soldat, tremblant de tous ses membres, pouvant à peine se tenir séant, à bout de forces physiques en état moral absolu ment perdu, — Qu’on le mène au trou ! Tel fut l’ordre du supérieur. Et, comme il y a toujours des excès de zèle môme dans la brutalité, le sous-officier chargé d'exécuter la consigne ad ministra à la victime un coup de pied ou de genou dans les reins qui la fit tomber, Cette fois on dut porter sur une civière le soldat à la prison. On prétend même que, à ce moment, mais nous nous refusons à le croire,un officier aurait dit aux porteurs de mettre la civière sur leurs épaules,afin que le moribond tombât de plus haut. En arrivant à la cellule,Aubin eut une faiblesse. Son visage défait, plus pâle qu’un linge, eût dû exciter enfin un peu de pitié. — Ah !... le poltron, le lâche ! — dit le chef, — qu’on aille chercher un seau d’eau et qu’on le lui jette au visage ! Ce qui fut dit fut fait, et l’artilleur qu’on avait assis, sous le jet du flot liquide et glacé tomba sur le sol. Il y fut abandonné. Deux heures plus tard on revint. ‘ v . T On relevait un cadavre. On s’occupa alors de faire conduire le corps à l’hôpital et l’on répandit adroitement le bruit qu’Aubin n’était que malade. A l’hôpital, on l’af firma encore et alors, pendant prés de deux heu res, paraît-il, les infirmiers cherchèrent à ranimer celui qui n’était plus. » -...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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