Extrait du journal

Sarah, pleine d’indolence, Se balance. Et dit d’un ton ricaneur : — On ne veut pas se permettre De m’admettre Dans la Légion d’honneur I Dofia Sol, en moi tu pleures ! J’ai, des heures. Fait vibrer les cœurs, je crois | Je lus Marion Delorme, Et, sous l’orme, En vain j’attendis la croix ! On ne me veut pas I Qu’importe I A la porte, J’attends sur le paillasson, Tandis que plus d’un bonhomme Que l’on nomme Pénètre dans la maison I Il y a là des gens graves, Mais peu braves, Poètes, hommes de lois. Qui n’ont jamais de leur vie Eu l’envie D’avoir un sabre de bois I Si J’entrais dans la milice, — Qu’on m’y glisse I — Quel scandale, quel boucan I Quel énorme sacrilège 1 En serai-je ? Hélas ! je ne sais pas quand t Que diraient les militaires, Gens austères. Qui dorment ait* Panthéon T Mais n’étais-je pas naguère — Est-ce guère ? — Le fils de Napoléon I Il eût tressailli, le père, Et, j’espère, C’eût été fort émouvant Que le vieux — rêve qui tombe — De sa tombe M’eût prise pour son enfant I J’ai des palmes pacifiques, Magnifiques Qu’est-ce que vous en feriez ? Et j’ai pour chaque conquête, Sur ma tête, Des couronnes de lauriers I N’ai-je pas dans la mêlées Gloire ailée, Touché ton front éclatant, Sous ces généraux illustres Pour cent lustres, Hugo, Dumas et Rostand ? Mais vous toutes, les divines Héroïnes Dont j’ai pleuré les sanglots, Vous sur qui le rêve plane, — Toi, Roxane, — Retournez à vos mélos I Car nous ne sommes point faites Pour ces fêtes, On n’y mêle pas nos noms, Quoique les bravos, en somme, Vibrent comme Comme des coups de canons I Et Sarah, dans le silence, Se balance, Et dit, dans le soir tombant, — Ne te fais pas, malhabile, De la bile Pour un morceau de ruban ! XAVIER MAUNIER....