Extrait du journal

ler ? Peut-être fera-t-on intervenir la troupe ? » La salle se trouve rapidement remplie par un public divisé en deux camps ; ce lui des spectateurs venus pour faire du tapage, et celui des spectateurs venus pour voir ou entendre ce tapage. Le di recteur fait une bonne recette, la police fait des arrestations, et le public tait... ce qu’il fait toujours en pareille circons tance : le jeu de quelques mauvais far ceurs ou de quelques douzaines de dés œuvrés qui trouvent que les plus belles soirées théâtrales sont celles où il y a « du train. » Cependant il n’est jamais venu à l’idée du public de se souvenir que son premier droit, celui qu’on lui donne gratis à son entrée dans le monde, c’est de ne pas al ler dans un endroit où il sait devoir trou ver du déplaisir, de l’ennui, du désagré ment, etc. Il est vrai que si,en présence d’un spec tacle ou d’une direction qui ne serait pas de leur goût, les spectateurs usaient avec ensemble du droit qu’ils ont de rester chez eux, le directeur ne serait point content ; mais il n’aurait qu’à modifier son spectacle ou sa troupe, ou à renoncer à l’exploitation théâtrale. Si de même la police usait de son droit ou de ne pas intervenir tant que le tapage ne prend pas des proportions inquiétantes pour la sécurité publique, ou d’intervenir en faisant simplement fermer le théâtre dans lequel se produit le tumulte, le public se lasserait bien vite du droit qu’il croît acheter à la porte. Les intérêts du directeur seraient com promis, peut-être, mais les distractions et les plaisirs du public l’étant davantage, en cas de désordres graves, celui-ci re noncerait bien vite à des manifestations de mauvais goût et qui manquent géné ralement le but qui leur sert de prétexte. Adv....