Extrait du journal
L'autre après-midi, tout en finant, à Marseille, sur les quais de la Joliette, sous un ciel tendre de second printemps, je lisais les détails de la crise ministérielle. Dois-je avouer que Ces détails me paraissaient tout petits, tristement étriqués et minuscules ?... Je voyais arriver, parfois, de beaux paquebots, d'immenses cargos... Je voyais notre France métropolitaine s'élancer vers notre grande France d outre-mer. Je voyais notre grande France nouvelle accoster, fiévreuse et ardente, »ous NotreDame-de-la-Garde... Je lisais des noms, sur des navires, sur des caisses, sur des barils : Dakar, Alger, Tunis, Casablanca, Tamatave, Oran, Saigon... On chargeait, à bord des paquebots, des autos, des moteurs d'avions, des machines agricoles, des étoffes, des soieries, des articles de Paris, du vin, des objets précieux, des bicyclettes... et tout, tout ce que produit et fabrique et construit notre pays, où, par bonheur, les entreprises privées ne risquent pas d'être renversées aussi facile ment que des ministères... Des familles françaises s'embarquaient et ce n'étaient pas des familles sans enfant... Des gamins rieurs et ravis escor taient les parents qui s'en allaient au Maroc, au Sénégal, en Indochine, à Mada gascar, tout tranquillement... La rentrée après les vacances passées en France !... On avait mangé la dernière bouillabaisse et l'on partait... Les affaires !... J'aurais bien fait rire, je pense, ces Français de la plus grande France, qui ont osé tra verser les mers, si je leur avais demandé s'ils étaient" « participationnistes a (!!!) ou « concentrationnistes a (???). Des jeunes hommes revenaient du « bled a ou de la brousse... Certains, certes, avaient les traits tirés... Mais tous avaient les yeux clairs et la mine assurée... D'autres jeunes gens, pleins de vie, pleins d'espérance, faisaient leurs adieux à des , parents, à des amis... Ils s'en allaient de l'autre côté des eaux... Et ils ne pensaient guère à la politique... Des matelots... Des soldats.. Des passa gers— Des dockers... Des noirs... Des Arabes... Des "Annamites... Les antos, les tramways couraient le long du port... La foule se précipitait... Les sirènes des paquebots meuglaient... Je pensais : voilà la France... La France est jeune 1... La France est saine et forte I La France est vigoureuse, active, réaliste et audacieuse... Voilà la vraie France !... Mais je pensais aussi, ayant lu les nou velles de Paris : pourtant, autour et à l'intérieur du Parlement, il y a certains hommes qui s'imaginent encore que la France est une vieille France usée, para lysée et radoteuse... Ils l'entourent, ils la pressent jusqu'à l'étouffer... Ils se font très forts de la guérir en lui faisant prendre des cuillerées de programmes et des comprimés de politique locale... Ils rêvent de lui donner un gouvernement dosé comme une drogue, avec tant de grammes de ceci, tant de grammes de cela... Et ils n'arrivent pas seulement à se mettre d'accord sur la formule de la potion ministérielleLa France n'a pas besoin de drogueElle a besoin de grand air, d'activité et de mouvement... Maurice PKAX....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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