Extrait du journal

Le succès de nos opérations dépasse les prévisions les plus optimistes. En avance sur un programme prudent qui ne soue-estimait pas la résistance de l'adversaire, les groupes mobiles des confins, du Tadla, de Meknès, ont fait leur jonction en plein cœur de la tache. Au sud, le général Catroux a progressé dans la vallée de l'Imdras. C'est dans son secteur que l'action, au cours des dernières semaines de juillet, a pris une intensité marquée. Dans les secteurs conquis du nord et de l'est, le commandement n'a laissé en place que les éléments nécessaires à l'occupation du pays. En quelques jours, des postes sont sortis de terre, protégés par une haute muraille, éclairés par des tours et des fortins. Toutes les troupes redevenues disponibles ont été reportées, par la vallée du Todra et du Dadès, vers Bou-Malem, nouvelle base d'une attaque massive qui, en moins de huit jours, a mis dans nos lignes le cours supérieur de la rivière Imdras. Les guerriers Ait Abdi, Ait Issa Issem et leurs cousins Ait Moghad, « rameutés » par le canon, ont vainement tenté de faire tête. Débordés, submergés, ils n'ont pu que limiter leur riposte à des réactions localisées dont nos parti- sans et nos goumiers ont souvent porté le poids. C'est dans une de ces actions qu'est tombé le lieutenant H. Mangin, jeune officier d'infanterie coloniale envoûté lui aussi par la mystique des affaires indigènes. Comme tous ses camarades que j'ai vus, il ne croyait pas qu'il pût y avoir au monde une œuvre plus attachante que celle du hakem français, guide et juge de tribu....