Extrait du journal

Il faut l'avouer en toute franchise, le Français ne sait pas chanter, car je me refuse à considérer comme des chants nos romances populaires niaisement sentimentales et nos complaintes patriotiques d'où sont exclues toute vraie délicatesse et toute vraie sensibilité. Dans les rues, à l'atelier, à l'usine l'on ne surprend que des refrains stupides qui, partis des cafés-concerts, vont pourtant fleurir de jolies lèvres et soulever de jeunes cœurs. On cherche en vain le romantisme d'autrefois avec sa tendresse éperdue et mélancolique un âcre besoin de jouir a remplacé la douce odeur des bois, et les violettes, les muguets, les bouquets de cerises qui faisaient tous les frais ne parent plus les corsages des amoureuses, leurs prières sont devenues des cris et la mort se dresse au détour de chacun des sentiers naguère embaumés de printemps et de poésie....