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Le Petit Parisien, 17 décembre 1932

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Le Petit Parisien
17 décembre 1932


Extrait du journal

j Crise ministérielle... Les journalistes, | selon l'usage, tentent d'interviewer députés ! et sénateurs... Selon l'usage, les chefs de j groupes se montrent aussi réservés que ! mystérieuxMais les électeurs ne sont pas inter viewés... Les électeurs pourtant suivent avec attention et émotion les événements politiques qui se déroulent... La plupart parlent sans passion... La plupart parlent avec raison— Il est une phrase que je retrouve dans presque toutes les lettres si nombreuses qui m'arrivent d'un peu partout, expé diées un peu par tous : par des patrons et par des ouvriers, par des paysans et des employés, par des fonctionnaires et des commerçants— Cette phrase, je l'entends aussi dans les conversations familières et dans les petites discussions du café et de la rue— C'est une phrase sans panache, sans emphase, sans redondance. C'est une phrase toute simple et qui exprime un vœu tout ordinaire... Et la voici tout entière dans sa tranquille nudité : «Qu'on nous lai;se travailler en paix— » Hé oui ! Tout bonnement— Voilà le désir très net et très placide de l'immense majorité des électeurs français à cette heure de crise qui n'est pas, hélas ! seulement une crise ministérielle— « Qu'on nous laisse travailler en paix— » Mais cette phrase si brève et d'allure si ingénue n'est pas vide, n'est pas vaine... Elle est pleine de sens, aujourd'hui— Elle est lourde de signification, dans sa forme familière et dépouillée— C'est que la crise celle qui n'est pas ministérielle a donné amplement à réflé chir aux électeurs dolents et gênés... C'est que les événements internationaux qui se sont succédé ces temps derniers ont appris beaucoup de choses à beaucoup de gens— « Qu'on nous laisse travailler en paix— » La vie est dure, dure partout, et il n'y a rien à attendre des miracles. Donc, il faut travailler— Mais il faut que le travail soit possible. Il ne faut pas que des lois imprudentes, que des lois imprévues aillent encore l'entraver— Il ne faut pas qu'une fiscalité affamée achève de dévorer nos industries et notre commerce— Il ne faut pas que le travail de la terre soumis déjà, par la nature, à tant d'incertitudes devienne encore plus hasardeux et plus ingrat— Le travail... Et la paix— Les Français veulent vivre en paixUne propagande internationale faite d'im posture et de traîtrise nous représente à l'étranger sous les traits de terribles l « va-t-en-guerre », armés jusqu'aux dents— \ Mais il n'est pas au monde de peuple plus attaché à la paix que le peuple de France— ' |Le peuple français voudrait pouvoir se ; ! sentir en sécurité chez lui. Alors il ne I demanderait rien à personneLa crise est une sévère leçon de réalisme j et de sagesse— Les électeurs qui ae sont pas interviewés quand les personna lités politiques défilent à l'Elysée ne réclament pas, à cette heure, de fulgurants miracles— Ils souhaitent seulement qu'une politique mesurée, ordonnée, avisée et réfléchie leur permette de gagner leur pain, durement s'il le faut, chichement si le sort le veut, mais pacifiquement, mais tranquil lement, sans désordre et sans alarme... Maurice PRAX....

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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