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Le Petit Parisien, 26 octobre 1932

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Le Petit Parisien
26 octobre 1932


Extrait du journal

POUR ET CONTRE J'ai dépensé 1.500 francs pour faire battre mon bié, me dit un agriculteur. Si je vendais aujourd'hui ce blé, j'en tirerais péniblement un billet de 1.000 francs. Voilà donc mon bénéfice, si je me vois obligé de vendre. Cinq cents francs de perte, sans compter la valeur des terres, sans compter les engrais, sans compter les impôts... Nous sommes des milliers dans *la même situation, me dit un fermier. Le bétail que nous élevons et dont nous tirons nos principales ressources a baissé encore cette année de 30 %. Nous n'avons pas à discuter les prix qui se pratiquent à Paris, au marché de la Villette. Nous ne discutons pas. Nous ne faisons pas de polémiques. Nous produi sons nos chiffres à nous, nos comptes à nous. Nous, producteurs, nous avons subi cette année une baisse régulière, progres sive, qui est venue aggraver la mévente de l'année passée, qui avait été déjà une année funeste. ' Alors, c'est très simple et, je vous le répète, nous sommes des milliers dans le même cas quand nous aurons payé nos ouvriers, il ne nous restera pas un sou. Pas un sou pour payer nos propriétaires. Pas un sou pour payer nos impôts. Pas un sou pour vivre nous-mêmes et faire vivre les nôtres. Ceux d'entre nous qui ont un peu d'argent de côté se tireront d'affaire. Les autres et je suis des autres feront je ne sais quoi. Et il ne faut pas oublier que la plupart des baux ruraux ont été renouvelés après guerre, en période de prospérité, quand la terre payait. Nos fermages ont donc été sensi blement augmentés, ce qui est un peu légi time. Mais les prix se sont effondrés, tan dis que les baux demeuraient... Cependant, un petit propriétaire, un de ces tout petits propriétaires qui forment, si l'on peut dire, le prolétariat des pro priétaires paysans, me dit de son côté : Tout mon bien, c'est le coin de terre que j'ai acquis après une vie d'économie et de travail. Si mon fermier ne me paye pas cette année, s'il ne peut pas me payer, il va falloir que j'hypothèque ma maison et mes champs. C'est donc pour en arri ver là que j'aurai trimé, que j'aurai vécu ! Au moment de la rentrée des Chambres, il n'est sans doute pas inopportun de rap peler et de publier les misères de ceux qui nous assurent le pain quotidien. Maurice PRAX....

À propos

Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.

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