Extrait du journal

Pourquoi cette propension à franchir la frontière qui a été et qui est encore une caractéristique de notre tempérament ? 'Pourquoi cette ignorance ou ce dédain des beautés pittoresques de notre territoire que nos voisins exaltent pourtant et que les plus aventureux d'entre eux viennent admirer en groupes plus ou moins nombreux? Peut-être faut-il en accuser notre docilité à la mode, peut-être aussi les traditions de nos compajgnies de transport ou la longue incurie Ides principaux intéressés, c'est-à-dire des populations qui pourraient tirer d'abondants profits de l'exploitation, dans le meilleur sens du mot, de leurs montagnes, de leurs vallées ou de leurs lacs. Ç'a été pendant longtemps une vérité reconnue qu'il était très malaisé de voyager en certaines régions de France. Tandis qu'en Helvétie on est à peu près sûr de rencontrer un excellent hôtel à côté des- glaciers fameux ou des points de vue réputés, chez nous les grimpeurs assez entreprenants pour affronter nos 'Alpes du Dauphiné ou nos Cévennes 'étaient non moins certains de se mal loger et de se mal nourrir. L'hôtelier savoisien ou jurassien, jusqu'à une date très proche, se gardait d'attirer une clientèle il l'attendait. Il se disait qu'il aufrait toujours le temps de rebâtir sa maison et de l'aménager à la moderne si la «foule venait, et la foule ne venait pas parce qu'on ne faisait rien pour la solliciter. Et c'est ainsi que dans les premiers temps de la découverte de l'Oisans notre Oberland qui s'étend de Grenoble à Briançon, on s'exposait à coucher à la 'belle étoile. Vers 1880 et même 1890 il était presque prudent d'emporter sa tente st l'on s'aventurait.dans certaines régions dû Viva-rais on des Causses du Tarn, où les habitants regardaient, non sans une moqueuse stupéfaction, le Parisien ou le Lyonnais fourvoyés en leurs déserts de pierre....