Extrait du journal

Et pourtant, lorsqu'on revit par la pensée ces heures d'ivresse, ces foules pleurant de joie que projetait l'enthousiasme hors de leurs demeures et qui, déferlant en marées humaines par les rues, sur les places publiques, s'embrassaient, chantaient, criaient de bonheur, se prenaient la main et rendaient ainsi tangible la puissante unité de la famille française, cimentée plus fortement encore par la communauté de ses douleurs et de ses deuils, en sorte que rien ne paraissait plus pouvoir dissocier coup que l'immense sacrifice avait trempés dans le même creuset ; lorsque cette sublime fraternité du 11 Novembre 1918 reparaît aujourd'hui comme un fantôme devant nos mémoires, nous nous demandons avec désenchantement : Avons-nous rêvé ?...