Extrait du journal
l’intention bien manifeste de s’emparer de ces mines, ceux qui les exploitent, quelle que soit leur nationalité, quitteraient un moment leur pioche et prendraient leur riffle pour défendre ce qu’ils considèrent comme leur bien commun et leur bien particulier. Il est vrai que ces rudes gratteurs de terre sont fort sauvages et peuvent passer pour des barbares. Dans les pays civili sés, en France, par exemple, les choses se passent tout autrement. Un individu entend démontrer, dans un cours de géo logie que, à raison des révolutions du globe, des gisements de conifères pétri fiés, formant des amas de charbon de ter re, doivent exister à tel ou tel endroit, fait un projet de société pour l’exploitation de ce gisement. Il va trouver un personnage influent et lui fait part de son projet. Ce dernier voit des ministres et des ban quiers, obtient une concession de l’un, une émission de l’autre, prélève, pour sa part, une partie du capital, sous forme d’action de fondation ; et l’affaire est lan cée. Mais il ne suffit pas d’avoir la conces sion et l’argent procuré par l’émission ; il faut encore avoir des bras, des hommes qui iront fouiller le gisement, qui des cendront dans la terre en arracher le charbon et qui le remonteront à la sur face pour être vendu à l’industrie dont il est devenu le pain. Cela est moins difficile à trouver que le reste. Le nombre de gens qui deman dent du travail abonde ; il s’en présente plus qu’il n’est besoin. On les embauche. On les avertit 'qu’ils auront tant de sa laire par 100 kilos de charbon arraché de la terre, mis en tas au pied du puits. Les entrepreneurs se chargent de le faire monter à l’orifice. Ce salaire de tant pour cent kilos donne à l’ouvrier de 3 à 5 fr. par jour de pénible travail souterrain. Ces salaires et les autres frais généraux payés, les propriétaires de la concession peuvent se partager des millions de divi dendes. De temps à autre une explosion de feu grisou ou un éboulement amène la mort de dix, vingt, cinquante, quatrevingts victimes. Mais comme ces acci dents sont dus à ce qu’on appelle des cas fortuits, les propriétaires de la mine n’ont pas à s’en inquiéter, si ce n’est de regretter les travaux de déblaiement qu’il leur faut faire opérer. Mais ces mineurs pourraient s’aperce- j...
À propos
Fondé en 1881, Le Petit Troyen s'est d'abord défini comme un petit quotidien républicain radical. Son propriétaire, l'homme politique Gaston Arbouin, assume la direction politique de la feuille jusqu'à sa mort en 1907. Favorable au régime de Vichy, le journal sera interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - laurat
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