Extrait du journal

J'y pensais en lisant les articles et les discours auxquels a donné lieu le centenaire de Gambetta. Comme chacun, dans les commémorations, ne manque pas de penser d'abord à l'heure présente, chacun s'est fait un Gambetta à son gabarit. L'histoire n'y a pas trop trouvé son compte. Croyez-en quelqu'un qui, comme moi, a eu depuis sa petite enfance jusqu'au début de son âge d'homme les oreilles pleines du nom de Gambetta, le prendre comme le tribun qui a su faire autour de lui l'unité, c'est aller juste contre les faits. Durant la guerre même, le monde des « francs-fileurs » et des réacs n'avait pas assez d'injures contre le « dictateur ». Et tout de suite après, et dans les années qui ont fait la République, quelles querelles et quelles calomnies ! Je n'ai pas ici à caractériser ou le rôle ou l'homme. L'un et l'autre sont de ceux qu'on ne juge pas d'un mot. Mais quand on essaie de le présenter « au-dessus des partis », on oublie simplement que c'est lui, et non un autre, qui a déclaré : « On ne gouverne qu'avec son parti. »...