Extrait du journal

violent effort : il bâilla comme une carpe et poussa un soupir semblable à celui d’un bœuf. Avec l’oxygène, la vie rentrait en lui, et bientôt ses poumons fonctionnèrent libre ment. — Je no vais pourtant pas, se dit-il, res ter sur l’herbe à me pâmer comme un mouton, d’autant plus qu’il y a là ce tas de moules qui sont à me regarder comme si j’étais un gorille. Avisant dans le cercle un homme d’un certain âge, il se leva péniblement, et al lant à lui : — Dites donc, vous, fit-il, sans plus de façons, ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? N’y a jamais eu d’Anglais qui soit passé par dessus le déversoir ? Le bourgeois, peu rassuré par cette in terpellation, leva les yeux au ciel en ayant l’air de dire : « — Pauvre homme, flattons sa manie 1 » et il lui répondit : — Non, mon ami, il n’y a jamais eu d’Anglais qui ait accompli ce tour de force. * — J’en étais sûr, murmura Yves-Marie, c’est une couleuvre que m’a tirée l’autre. Et alors il répondit tout haut : — Merci, Monsieur. — Il n’a pas l’air trop fou tout de même, fit à mi-voix l’une des deux com mères. — Ni fou, ni soûl, ma brave femme, répondit Brien, qui avait l’oreille fine. Si on avait tant seulement la bonté de me prêter une blouse et une culotte à seule fin de cacher ma peau de chrétien, vous me rendriez un fier service, et je pour rais aller reprendre mes effets de l’autre côté de la Seines...