Extrait du journal

On n’a pas attendu près de vingt siècles pour s’apercevoir de l’erreur. En 1582, le pape Grégoire XII, conseillé d'ailleurs par un savant astronome italien, Louis Lilio, accomplit la réforme du calendrier Josue avait arrêté le soleil. Grégoire XII, au con traire, lui « rendit la main », si l’on peut dire, et décréta que le lendemain du 5 octo bre 1582 — date mémorable — serait, non pas le 6, mais le 16, l’erreur étant alors de dix jours. Les catholiques acceptèrent vo lontiers de vieillir de onze jours en l’espace de vingt-quatre heures. Mais les nations protestantes n’avaient point les mêmes rai sons d’accepter la réforme papale. Ils se firent tirer l’oreille, avant de renoncer à leur péché contre la science, mais ils fini rent par y renoncer, l’Allemagne en 1700 et 1’.Angleterre en 1752, ce qui semble bien prouver que la Russie pourrait y renoncer en 1910. Mieux vaut tard que jamais. L’Allemagne et l’Angleterre avaient fait comme les nations catholiques et s’étalent résignées à passer, tout d’un coup, d’un quantième à l’autre. Mais on se demande si, en raison du développement intense de la vie commerciale depuis cette époque, une mesure aussi radicale ne causerait pas un trop grand bouleversement en Russie. On propose donc un autre système, qui consisterait à raccourcir l’année russe, en supprimant, par exemple, les 31 des mois qui passent pour avoir trente-un jours. Ain si, la Russie, regagnant sept jours en un an, ne mettrait même pas deux ans à rattraper son retard....