Extrait du journal

AUX ÉLECTEURS DE LA CAMPAGNE J'aime pour ma part la Côte d’Or comme si j’y étais né, parce que les cœurs y sont francs, et que l’amour de la liberté y bouil lonne dans les têtes comme la vendange en automne dans la cuvée. Je causais ces jours passés avec un vieux vigneron, qui a de l'expérience, ayant vu bien des choses dans sa vie, puisqu’il a fait la canqiagne de Russie. Après avoir parlé de cette mauvaise pluie ; qui gâte les foins et met en danger la ré- j •coite des vins, il iue dit (et je n'oublierai i jamais son raisonnement, parce qu’il n’est rien tel que d'entendre parler les gens de bonne foi, qui n’ont pas appris à lire dans les livres, mais qui en savent souvent plus j que ceux qui les font), il me dit : Mon sieur, je ne sais pas bien ce que vous en- ! tendez aujourd'hui par la République, j Celle dont me parlait mon j>ère a chassé ; les brigands qui s’appelaient seigneurs et ' les moines qui étaient les sangsues du pauvre monde. Elle a repoussé l’invasion étrangère et a fait du peuple français le premier peuple de la terre. Votre Répu blique d'aujourd’hui nous donne le suffra ge, c'est bien. Il est bon que le paysan qui a de la terre et qui [»aie, comme un autre, son impôt, sache l'emploi qu’on fait de son argent. Vous êtes Républicain, je le crois ; mais j'en vois d’autres qui se disent aussi Répu blicains, et qui tordront le cou à la Répu...