Extrait du journal

sinistres hurlements, elle a fait tournoyer à la crête des vagues un suixtrbe paquebot, vaste et solide berceau de fer, abri de tant de vies humaines, comme « lie eut fait d’un fétu de paille, et Va brisé sur un récif. En un instant, navire, marins et passagers, tout a été englouti dans les flots. I^a mer n’a pas fait moins de 1Ô6 victimes. Un seul passager s’est sauvé 11 a pu atteindre à la nage une anfractuosité des rochers de la côte où il est. resté, bloqué par la tempête pendant 28 heures, meurtri, exténué, glacé, mourant de faim et de soif, et d’où il n’a pu s’échapper qu’en escaladant au péril de sa vie une haute falaise à pic. Le pauvre garçon — un jeune commis des douanés qui allait rejoindre son poste en Algérie — s’en est tiré sain et sauf, grâce à son endurance et à son énergie ;et |K'iitètre faut-il croire que la mer avait voulu se réserver ce témoin de sa victoire quant aux autres, réveillés en sursaut pour la plupart, ils n’ont eu que le temps de se voir mourir. Quelle tragique minute ! Et cela ne dépasse—tri 1 pas en horreur tout ce que l'imagination peut concevoir t Et puis combien de deuils cela ne représente-t-il pas ! Combien de misères à secourir ! Espérons que le bel élan de sympathie et de générosité dont a bénéficié la population parisienne se retrouvera autour des victimes du naufrage du Chanzy....