Extrait du journal

- Afin de protester contre les événements de DraveilVigneux, les typographes ont privé le public de-la lecture des journaux parisiens. Quelques-uns de nos confrères ont pu paraître en utilisant des articles composés à l'avance. Le Siècle, qui a commis l'im'prudenee d'avoir foi en la parole du syndicat des typographes, s'est vu dans l'impossibilité de servir ses abonnés et ses lecteurs. En effet, les membres du comité avaient- donné leur parole d'honneur que, si un seul journal pou vait paraître, ils autoriseraient les ouvriers à com poser les autres. Bon nombre dfe journaux ont paru, mais le comité a maintenu son interdiction. Nous aurions pu mettre debout, tant bien que mal, un numéro de fortune, où l'actualité aurait tenu une place restreinte. Nous n'avons pas voulu mettre le nom du Siècle sur des exemplaires aussi impar faits. Bien que .ious ayons eu à subir les conséquences des agissements d® la C.G.T., nous devons constater que cet essai de grève est loin d'avoit réussi. Il s'est trouvé un nombre appréciable de typographes qui n'ont pas fait cas des ordres du comité ; ils ont estimé que celui-ci outrepassait ses droits ; quant à ceux qui se sont soumis, ils ont, d'à a s certaines réunions, nettement blâmé la conduite du comité. On avait annoncé, d'autre part, que les mécani ciens des presses rotatives se solidariseraient avec les typographes ; ils s'en sont bien gardés, et, pour les journaux qu)on a pu composer, les presses ont mule comme à l'ordinaire. Les électriciens, les gazieis, les porteurs de journaux devaient également se join dre aux grévistes ; aucune défection ne s'est produi te parmi eux. Si bien qu'en fin de compte, les véritables victi mes de la tentative d'hier ce sont les typographes qui ont obéi aveuglément aux ordres reçus. Ils ont perdu une nuit de travail, Us. ont indisposé tout à la fois leurs employeurs et le public, sans tirer de cet acte le moindre profit matériel ou moral. Us voulaient une manifestation imposante, ils ont donné seulement l'impression d'une atteinte mala droite à la liberté de la presse. La plupart des jour naux qui ont pu paraître appartiennent, en effet, à la presse réactionnaire et les meneurs ont ainsi fait une fois de plus le jeu de la réaction. Leur tentative a échoué, souhaitons que cet échec les fasse réfléchir. Ils verront que leur entente, lé gitime lorsqu'elle est pour eux un moyen d'aide et de défense mutuelle, devient dangereuse pour euxmêmes lorsque les meneurs la détournent de son but pour en faire une arme d'agitation et d'émeute. Alexis Caille....