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Le Siècle, 8 décembre 1861

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Le Siècle
8 décembre 1861


Extrait du journal

sort. On le trouva immobile sur son fauteuil, en bonnet de soie noire, le dos replié en arc do cercle, les mains appuyées, sur ses genoux, l'œil fixe et là lèvre pendante. N Il ne fit aucune attention ni à monsieur^ni a ma'dadame Longpré, ni à leurs enfans; mais il arrêta son regard vitreux sur Maxime, qu'il ne reconnut pas. — Bonjour, mon oncle, dit ce dernier. Le vieillard garda le silence. — C'est moi, Maxime, votre neveu, de Paris. — Ah! c'est toi, mon garrop. — Comment vous portez-vous, mon oncle? Le médecin venait chaque jour dire à M. V illant comment il se portait ; mais c'était Jeannette qui devait s'en souvenir. Petite, dit le vieillard en se tournant vers i sa gouvernante, comment est-ce que je me porte? • — Bien, monsieur, bien, ,répondit Jeannette. — Tant mieux [ ajouta Maxime. — Et'que fais-tu à Paris, mon garçon? — De la littérature, mon' oncle. — De la littérature !... et tu vis avec cela? — San&.doute. — A la.bonne heure. Si tu vis, je n'ai plus rien à dire. C'est que, vois-tu, mon garçon, avant tout, il faut vivre. Et quelle littérature fais-tu'? Sont-ce des poëmés épiques ? — Pas précisément, mon oncle. J'écris des feuilletons pour les, journaux. — Dès feuilletons ! Et tu vis avec cela ? — A peu près, mon oncle. — Ah ! si tu vis, je n'ai plus rien à dire. C'est que, vois-tu, mon garçon, avant tout il faut vivre. — C'est connu, mon oncle. — Ét des tragédies, en fais-tu ? — Non, mon oncle ; je fais des vaudovilles. — Et tu vis avec cela ? — Oui, mon oncle. ' — Ah ! si tu vis, je n'ai plus rien à dire. L'entretien se continua sur ce ton à peu près un quart d'heure. L'oncle Vaillant parut assez content de son neveu, et comme M. et Mme Longpré se dirigeaient vçrs la porte, Maxime sentit la"main froide du vieillard qui cherchait la sienne. Dans cette main il y avait une pièce de cent sous. — Voilà pour toi, mon garçon, dit M. Vail lant avô-c un air de mystérieuse importance. — Merci, mon oncle, répondit Maxime en se...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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