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Le Siècle, 11 juillet 1899

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Le Siècle
11 juillet 1899


Extrait du journal

les pouvoirs qui n'y sont pas engagés ont le droit d'oflrir leurs bons offices,et que cette proposition ne pourra jamais être considérée comme un acte blessant; , Mais cet acte ne peut avoir qu'un caractère de conciliation et ne doit point être appuyé par la menace de la force. Les puissances en-conflit pourront en appeler à l'arbitrage. La section 3 "du projet prévoit l'organisation de com missions internationales d'enquête. Les articles 20 et suivants concernent l'organisation, proposée par l'Angle terre, d'un tribunal arbitral permanent, dont le siège habituel serait à la Haye. Les articles 30 et suivants règlent la procédure à suivre devant le tribunal arbitral. Les délégués vont en - référer à leurs gouvernements respectifs. L'Allemagne s'est déjà prononcée contre l'arbitrage obligatoire ; mais le projet actuel ne prévoit que l'arbitrage facultatif, et on il tout lieu d'espérer que la conférence de la Haye l'acceptera. III Les sceptiques pourront faire beau coup de plaisanteries sur ce tribunal arbitral facultatif. Ils pourront dire que ce projet aura pour premier résultat de créer des postes diplomatiques qui se ront des sinécures ; et il sera difficile de leur démontrer le contraire. Mais que le tribunal arbitral coûte par an une centaine de mille francs ou plus à chacune des puissances repré sentées à la conférence de la Haye, qu'est-ce donc que cette somme, com parée aux effroyables ruines et au gas pillage de capitaux que peut causer le moindre conflit armé ? Ce sera^une sinécure ? soit : mais il ne faut pas juger de l'importance du travail des hommes par leur tâche quo tidienne , mais par le sèrvice qu'ils peu vent rendre à un moment donné, et y en a-t-il un plus grand- que celui de substituer dans un ' conflit international une solution pacifique à une solution violente? Les sceptiques pourront encore dire : — Est-ce que le Sultan aurait soumis la question des Arméniens à ce tribunal international? Est-ce que les Etats-Unis auraient accepté son intervention dans leur conflit avec l'Espagne ? Est-ce que l'Angleterre l'accepterait actuellement & propos des réclamations des Uitlanders? Un pourrait évoquer de» questions plus graves..." et nous devons recon naître que ce tribunal arbitral, dont les décisions seront dépourvues de sanction, n'en sera jamais saisi et ne serait pas apte à les résoudre. C'est vrai. Mais rappelons le vieil adage : « Nul n'est bon juge dans sa propre cause », les Etats pas plus que les particuliers. . Compte-t-on poiir indifférentes les sentences arbitrales comme celle inter venue dansl'affaire de l'Alabama? N'estce donc rien que d'habituer les gouver nements . à soumettre à des arbitres des conflits relativement secondaires, mais quij autrement, resteraient insolubles et pourraient provoquer des conflagra tions ? N'est-ce donc -rien que de donner,aux peuples l'habitude qu'ont prise les individus, dans -les pays civilisés, d'en appeler au jugement de tiers au lieu d'avoir recours aux coups ? La tigonférence de la Haye est une étape vers l'idéal de paix et de justice quel'humanité poursuit à travers toutes sortes de remous : et le tsar Nicolas II aura l'honneur de lui avoir donné son...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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