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Le Siècle, 14 décembre 1925

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Le Siècle
14 décembre 1925


Extrait du journal

L'histoire de Ronquerolles s'est terminée d'une manière comique : trois petits gosses, mentant avec un art remarquable, ont fait courir journalistes et gendarmes, intrigue les foules et affolé le pays. Quel succès et comme ils devaient être contents ! Car l'enfant adore le mensonge. Ce mensonge-là, au moins, qui lui fait une vie à part, qui lui permet de se sentir supérieur,à ses aînés, su périeur de par le mystère qu'il a créé et qui lui fournit une arme re^ doutable parce qu'invisible. Quelle satisfaction pour un. petit être faible : voir chercher, s'inquié ter des êtres raisonnables et forts, rattraper en quelques secondes d'u ne folle émotion tous les petits tourments, les petites vexations, les humiliations que les aînés, les pa rents — les êtres forts et raisonna bles en un mot — lui ont fait in consciemment supporter. Et les enfants — comme les fem mes — mentent remarquablement Ils n'ont pas conscience de la lai deur du mensonge. C'est pour eux une comédie qu'ils se donnent dont les autres sont les acteurs. J'ai vu un enfant qui était un maître en cet art de la tromperie. C'était pendant la guerre, dans le Foyer du Soldat que l'on m'avait confié, tout près de Saint-Quentin. Un soir, à une arrivée de train de, permissionnaires, je remarque dans la salle de correspondance un « poi lu » accompagné d'un petit garçon de huit à neuf ans, un pauvre petit, ma! vêtu, un peu misérable. Je pen sais que c'était son fils. 11 m'apprend qu'il l'avait trouvé, dormant sur un banc, à la gare. Et ce pauvre enfant me raconte alors très simplement que, quelques jours auparavant, comme les Alle mands avançaient sur, Saint-Quen tin, un camion était venu prendre les enfants à la sortie de l'école pour les sauver de l'ennemi. Il était sans nouvelles de ses parents, pri sonniers des Allemands. Le soir de...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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