Extrait du journal

cœurs brisés, d'orphelines pauvres, mais ver tueuses, de forçats innocents, d'hommes du monde en route pour le bagne. J'ai constaté sa rare et frappante originalité qui consiste & mettre de la littérature dans une-spécialité où cet ingrédient n'est qu'à demi-nécessaire et ne paraît pas toujours utile, sa tendance à rajeunir par un coin de décor ensoleillé, une échappée de poésie souriante, voire par un bout d'observation psychologique, les vieux canevas du mélodrame populaire; j'ai loué ces œuvres mixtes, inégales, tenant de l'an cienne formule et de la nouvelle école, con tenant de l'excellent et du pire, mais sincères, parfois même embellies. Maître tfarmes ne déparera pas la collection — sous des réserves que j'indiquerai tout à l'heure, et qui ont rendu l'impression du public assez équitablement indécise, mais qui ^'enlèvent rien à la valeur intrinsèque duarame. Au lever du rideau, nous sommes aux en virons de Dieppe, chez le pilote Jean Holgan, à la fois le plus jeune, le plus vaillant et le glus médaillé des sauveteurs de la côte. Ce rave garçon a pour hôtes le célèbre maître d'armes Vibrac, qu'une indisposition vient de forcer à se mettre au vert, et la fille dudit "Vi brac, la toute mignonne et séraphique Cathe^ rine, qui se sature d'iode depuis bien plus longtemps, son père, lequel est veuf, l'ayant envoyée grandir au bord de la mer. Comme bien vous pensez, JeanHolgan, dédaignant la tendresàe loyale, de sa sœur de lait Thérèse, est tombé amoureux fou de la petite Vibrac. Or, la jeune fille est indigne de lui : elle a été séduite, ou plutôt violée, par un élève de son père, M. Georges de Rochefière ; elle a pu accoucher clandestinement, et le papaVibrac, qui ne plaisante pas sur le point d'honneur, croit toujours son enfant aussi pure que le jour. Mais Catherine se consume d'inquiétude et de remords : Georges de Rochefière l'a abandonnée; depuis un an son yacht fait le tour de monde. Et l'inévitable baby— d'après la poétique du mélodrame, tout viol fructifie, même non récidivé — se meurt du croup, chez la paysanne qui l'a pris en nourriture, sans que la mère puisse aller recevoir son dernier soupir. Deuxième tableau : Au bord de. la mer. On baptise devant tout le village réuni un bateau de sauvetage « l'Espère-en-Dieu ». Holgan, parrain du bateau, profite de cette petite fête, — tris curieusement mise en scène, — pour demander la main de Catherine. L'a jeune fille refuse* mais son refus dénote un violent com...