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Le Siècle, 22 avril 1863

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Le Siècle
22 avril 1863


Extrait du journal

— Et vous garderiez cet argent î — Si personne ne le réclamait. Qu'est-ce que le mort pourrait en faire ? — Horreur 1 balbutia Bella ; vous n'avez donc pas de cœur que vous songiez à l'argent de vant un si terrible malheur ? — Ma compassion ne le ferait pas revivre, ricana le coureur des grèves en poursuivant ses recherches. Il aura été assassiné ici par des voleurs, car je ne trouve pas un liard sur lui. Il glissa sa main jusque sur la poitrine du cadavre, et dit : — Ah ! je sens quelque chose : une montre sans doute, car c'est attaché à une chaîne qui ne veut pas céder. J Il bondit en arrière avec effroi. — O mon Dieu t il vit, il vit ! s'écria Bella. Par l'effort que le coureur des grèves avait fait pour arracher la chaîne passée au cou du malheureux, son cadavre avait levé le bras par un mouvement convulsif. La jenne fille s'agenouilla près du corps redevenu inerte, et, tout en murmurant de douces paroles, se mit à essuyer autant que possible le sang figé qui couvrait la bouche et les yeux. — Cessez, Bella, dit le coureur des grèves j, vous voyez bien qu'il n'y a plus d'espoir. C'était la dernière, convulsion. Pourquoi donc gâter inutilement votre mouchoir f Allez à la Paune avec votre âne-dites aux gens qu'il y a dans les dunes quelqu'un qu'on a assassiné. Je resterai ici pour garder l'homme jusqu'à ce qu'on vienne. — De l'eau, de l'eau ! s'écria la jeune fille. — Da l'eau? répéta Ko. Bah ! il mourra bien sans que vous lui laviez le visage. La jeune fille leva sur le coureur des grèves des yeux flamboyans d'indignation. — Ko, êtes-vous doac un homme sans âme? Do l'eaul allez chercher de l'eaut vous dis-je. Ne riez pas ainsi, .vous me faites horreur. It y avait dans fa voix de la jeune fille quel que chose de si impérieux, et dans son regard quelque chose de si menaçant, que le coureur des grèves se montra disposé à lui'obéir. — Eh bien ! là, derrière la .haute dune, il y a une mare d'eau, ajouta t-elle, et courez en toute hâte. — Oui, mais dans quoi puiserai-je l'eau ? — Dans votre soulier, dans votre chapeau. Vous devriez déjà être de retour. Le coureur des grèves tourna les talons et se...

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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