Extrait du journal

Le mot amusa et fut répété avec diffé rents commentaires. Le familier des Ger son, après en avoir beaucoup ri, voulut raisonner l'enfant : ! —Mon petit, ce que tu as dit là est drôle, mais ce n'est que drôle. Maintenant jette tes sous ; quand tu vois un pauvre, il faut prouver que tu as bon cœur en le secourant. ' Le baron intervint : : — Ces mendiants des rues, allons donc ! cher ami,n'inculquez pas de mauvais prin cipes à mon fils ; des farceurs, voyons, que ces gueux-là ; une profession lucrative que d'exploiter la sensiblerie publique ; parlez-moi des pauvres honteux, ils meu rent plutôt que de demander un centime, à la bonne heure ! Puis, s'adressant à son fils : — Henry, quand ceux-là te demanderont l'aumône, tu pourras leur donner, tu seras sûr de ne pas être dupe. Et le pingre se pâma d'aise de sa sotte plaisanterie. Incité à de tels sentiments de ladrerie, l'éducation raisonnée, économique, d'Henry porta ses fruits, fruits amers ; M. Gerson était assuré d'avance que son fils ne croquerait pas le patrimoine paternel ; les chances, en tout cas, étaient bien de son côté, et il l'entretint solidement dans ces bons principes d'ordre et de par cimonie. Mais, si le baron Gerson refusait des sous aux pauvres, s'il se montrait avare au prochain, traitant d'imbéciles les mal heureux, de maladroits ceux qui ne pou vaient trouver un emploi, méprisant ceux que l'adversité atteignait, les blâmant même de leur coupable imprudence, in différent à toutes les infortunes physiques, morales ou pécuniaires, jetant la pierre à celui-ci, fermant prudemment la porte à cet autre auquel la gêne suggérerait, sans doute, une idée d'emprunt; soupçonnant...