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Le Siècle, 29 juillet 1888

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Le Siècle
29 juillet 1888


Extrait du journal

— Un biscuit de Reims et un verre de ma laga ou rien. Il fallut bien consentir à en passer par là. Le petit Méryel sonna et l'on servit. — Drôle de festin !* s'écria-t-il en mau gréant. Qui m'aurait dit que j'aurais jamais à digérer un pareil cîner? Pendant que les deux combattants, s'étant levés l'un et l'autre, se reposaient dix minutes dans cette sorte de trêve, leur, témoin, fixait encore une fois sa pensée sur cette frénésie du jeu, la plus invincible de toutes. On venait de lui apporter un journal du soir et il y trouvait le récit d'un drame récent, drame grandiose, 3ui s'était passé en Australie, dans le pays' e l'or. C'était aux environs de Mount-Alexander. Vingt-cinq joueurs se trouvaient rassemblés à l'hôtel du Prince de Galles, au moment oùl'on signalait un incendie. On faisait entendre les premiers cris d'a larme. Il y avait là des échantillons de toutes les nations, voire de toutes les races du globe : Des Français, --Des Anglais, Des Espagnols, Des Américains du Nord, Des Péruviens, , Des Arabes de Mascate, Un Chinois, Trois Hindous de la presqu'île du Gange. Vous pensez bien que la partie était âpre, pressée, .ardente. Les monceaux d'or, étalés sur une table verte, paraissaient monter dans les yeux de chacun des assistants et les colorer d'une teinte jaune. Tout à coup l'homme qui tenait le cornet aux dés s'écria: — A quel endroit se trouve l'incendie ? — A une portée de pistolet, dans l'hôtel même. — Ce n'est rien, en ce cas ; jouons encore. On joua donc avec frénésie, avec passion, avec rage. • A dix minutes de là, une voix reprit : — Est-ce que l'incendie a fait beaucoup de chemin? — Le feu se trouve déjà au bàliment voisin. — Ce n'est rien, jouons toujours. On se remit à jouer ; ce n'était plus de l'ar deur, c'était de la fièvre. On tombait dans le délire....

À propos

Fondé en 1836 par Armand Dutacq, Le Siécle bouleversa la presse française grâce à une stratégie éditoriale révolutionnaire pour l'époque. Comme La Presse de Girardin, fondée la même année, ce quotidien fixa son prix d'abonnement à 40 francs – c'est-à-dire la moitié de celui des autres journaux – et entrepris de compenser cette somme modique par d'autres revenus, tirés de la publicité. Traditionellement anticlérical, il deviendra l'organe de la gauche républicaine pendant une grande majorité de la Troisième République.

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