Extrait du journal
En quelle tristesse morne nous laisse Bette année qui touche à son ternie et quel douloureux héritage elle lègue à celle qui va lui succéder ! On a beau n’être pas pessimiste et vouloirxécarter les sombres images que dresse sur l’avenir la crise de plus en plus aiguë en laquelle se débat notre malheureuse France, il est cependant impossible d’y voir une issue pacifique. On a tant et si bien perverti l’esprit îles masses ; on a si systématiquement prêché le mépris du devoir, envenimé nos querelles, déchaîné de toutes parts lies ferments de guerre civile, qu’on ne saurait plus guère se flatter de l’espé rance que la sagesse prévaudra et que nous pourrons sortir de l’impasse où nous sommes autrement que par quel qu’un de ces conflits redoutables qui mettent les citoyens aux prises en com promettant non seulement la prospé rité du pays, mais son avenir et même sa vie. Lorsque tant de passions contraires sont en mouvement, lorsque le parti du désordre a été démuselé, tel que nous le voyons, par les encourage ments que lui ont prodigués les pou voirs publics, par l’appui qu’ils lui ont 'donné, par les progrès qu’avec une complaisance criminelle ils lui ont fait faire, comment pourrait-on raisonna blement supposer que les tempêtes s'a paiseront tout à coup, comme par mi racle, que les sources de haine vont se tarir et que des régions orageuses où nous piétinons, nous passerons tout à coup dans les régions sereines et en soleillées? Ce serait une illusion de l’espérer. Ou l’expérience n’est qu’un mot et vaines sont les leçons du passé, ou nous sommes fatalement destinés à être les témoins et les acteurs de quel qu’une de ces conflagrations violentes qui reviennent par intervalles dans la vie des nations, et que l’Histoire nous montre comme les étapes par les quelles elles doivent nécessairement passer soit pour s’élever plus hautes si ('lies sont jeunes et en possession de toute leur vigueur, soit pour des cendre si elles touchent à leur déclin. Ce n’est pas qu’il n’existe aucun moyen de conjurer ces périls et qu’il ne soit possible encore de les éviter. Mais il y faudrait une énergie, une foi, une volonté qui manquent aux défen seurs naturels des institutions en cause cl qui ne se manifestent que chez ceux qui les battent en brèche. Il semble que la force ait passé tout en tière du côté des assaillants et toute la faiblesse du côté des assiégés. Les premiers ayant pour eux la complicité d’un régime qui n’a vécu que des con cessions successives qu’il leur a con senties ; les seconds démoralisés par la longue série de leurs défaites, deve nus indifférents aux formes et aux principes de gouvernement et disposés A s’en tenir à la doctrine vide et com mode qui se résume dans ces mots : « Après nous, le déluge ». Il est donc douteux qu’ils soient en core capables de l’effort nécessaire, Indispensable pour prévenir les mal heurs dont ils sont menacés. On a cru longtemps qu’au fur et à mesure qu’ils les verraient devenir plus imminents, ils secoueraient leur apathie. Il n’en a rien été et c’est avec raison qu’on pourrait leur demander ce qu’ils atten dent et ce qu’il leur faut pour être 'éclairés enfin sur la gravité du danger auquel ils sont exposés. Depuis tantôt un quart de siècle, ils sont soumis aux plus cruelles épreu ves. Tout ce qu’ils ont aimé éfdéfendu est bafoué, conspué, en voie d’être dé truit. Ils ont vu la laïcisation à ou trance et ses suites funestes ; la liberté de conscience devenir un vain mot, la fortune publique atteinte par le système des dépenses immodérées et par le gaspillage des deniers publics, le déficit en permanence, les impôts sans cesse accrus, des facilités extra ordinaires officiellement accordées aux partisans de la destruction so ciale, le sectarisme triomphant et la la plus éclatante de ses victoires, celle qui vient d’aboutir à l’exode de bons citoyens, coupables seulement de s’ê tre engagés dans les ordres monasti ques et voués au service de Dieu. Tant d’iniquités n’ont cependant pas suffi à tirer de son indifférence le parti des vaincus. Ils ont courbé la tête sous le vent dévastateur ; ils ont désarmé, réduits à n’être plus que les jouets d’un ennemi qui, ne redoutant...
À propos
Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.
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