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Le Soleil, 6 novembre 1894

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Le Soleil
6 novembre 1894


Extrait du journal

les mécontents so sont avisés de demander que la'Confédération abandonnât une partie de son superflu aux cuitons. La Confédération est ri che, ont-ils dit; elle jette son argent par les fe nêtres, le militarisme écrase le pauvre peuple, une bureaucratie tyrannique et grassement sol-, dee absorbe peu à peu toutes les forces vives du pays. D’autre part, les cantons sont pauvres et ne savent pas comment joindre les deux bouts. Il faut reviser les arrangements financiers de 1874 ; on ne savait pas alors qu'un jour viendrait où la douane produirait le double. Nous deman dons que chaque année la Confédération donne aux cantons deux francs par tête d’habitant. Cela permettra aux cantons d’équilibrer leur budget, là où ils sont en souffrance; de venir en aide aux communes et de réduire les impôts, là où cela sera possible. Ainsi formulée, la proposition*était séduisante. Les cinquante mrHe signatures do rigueur pour l’appuyer furent bientôt réunies. Ce que les pro moteurs du mouvement ne disaient pas, c’est que leur but final était d’attaquer la Confédération dans scs œuvres vives, dans sa puissance finan cière, de lui couper les vivres, en un mot, afin d’entraver son développement futur. Il n’est pa* vrai, ont répondu les défenseurs du fisc, fédéral, que les cantons soient pauvres. La statistique démontre que les budgets des vingt-cinq Etats confédérés, ont soldé, l’année dernière, par un déficit total de 400,000 francs seulement; ce n’est rien; ils ont comme matière imposable toute la propriété foncière, le com merce et l’industrie. Plusieurs d’entre eux n’ont pas d'impôts du tout et vivent de leurs domaines. Aucun n’est en situation de devoir recourir aux subsides de la Confédération. Au reste, la confédération a fait largement bénéficier les cantons de la plus-value du pro duit des douanes. Elle a construit des routes, endigué les fleuves, corrigé les torrents des montagnes, assaini les marais, reboisé les forêts dévastées par l’incurie cantonale. Elle a amé lioré partout le domaine national, encouragé l’agriculture, l’industrie et les arts. En vingt ans, elle a payé aux cantons cent millions en subventions de toutes espèces ! En donnant à ces subsides des destinations spéciales, elle a fait de son argent un emploi plus utile que s’il eût été éparpillé dans les budgets des cantons et dépensé sans contrôle. Au surplus, le budget fédéral solde en déficit ; il n’a pas plus d’argent qu’il ne lui en faut. Les dépenses pour l’armée étaient indispensables ; les mauvais patriotes seront seuls à les critiquer. Mais ce que les pavtageurs redoutent, c’est l’ascendant moral que la confédération s’est acquise parles subventions qu'elle donne et par ses intelligentes initiatives. Ils ont un but politique ; ils veulent paralyser le pouvoir fédéral en lui enlevant les moyens de poursuivre son œuvre d’émancipation matérielle et morale du peuple suisse, sa mission nationale. Voyez plutôt : les promoteurs du mouvement sont les éternels adversaires de la Confédéra tion, les catholiques intrigants et les conserva teurs démagogues et réactionnaires. S’ils ont eu le dessus, ce sera pour eux un encouragement à poursuivre leur œuvre de dissolution. Tous les amis de la Confédération, tous les électeurs qui veulent une Suisse unie et forte, repousseront les deux francs qu'on leur présente. Le peuple suisse ne vendra pas son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. La polémique a été très vive. Depuis un mois, les meetings ont succédé aux meetings ; pas une localité de quelque importance qui n’ait eu son assemblée populaire. . 1 Je souhaite vivement que la proposition des 75,(XX) pétitionnaires soit repoussée, J’y vois une entreprise démagogique et réactionnaire dont le -succès pourrait avoir des conséquences graves pour la marche future dé notre politique intérieure Je crains que nous n allions au devant d’une nou velle période de luttes et d’agitations auxquelles, il y a vingt ans, la Constitution de 1874 avait mis un terme. Je redoute enfin une victoire des ad versaires de la confédération parce que ce serait pour les agitateurs une incitation à faire, à bref délai, un nouvel usage du droit d’initiative que je tiens pour dangereux dans sa forme ac tuelle. NOUVELLES _DE_ L’ÉTRANGER Angleterre Une bombe a fait explosion hier soir, un peu après onze heures, devant la maison portant le numéro 2 de Tilney Street, ParkLancj quartier aristocratique près de IlydcPark, à Londres. Un seul membre de la famille habitant la maison et des domestiques étaient dans l'immeuble au moment de l’explosion. La porte vola en éclats et les marches en pierre du perron furent endommagées; les vitres lurent brisées ainsi que celles des maisons environnantes. Los autorités sont d’avis que l’attentat était dirigé contre le juge Hawkins, qui demeure au numéro 5 de la même rue. On se rappelle que M. Hawkins présidait Je tribunal qui, récemment, a rendu plu sieurs jugements contre les anarchistes. Il n'y a cii heureusement aucun accident de personnes. Le bureau central de la police à ScollandYard regarde l’explosion de la bombe com me une très grave affaire, l’œuvre, sans au cun doute, des anarchistes....

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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