Extrait du journal

touche à l’ancien régime doit être sévère ment proscrit. Les mœurs nouvelles sont celles de cette corporation, si prospère en ce moment, dans laquelle M. Gambetta, parlant à ses électeurs réunis, salle Saint-Biaise, a classé les nombreux interrupteur* qui l’em pêchaient de se faire entendre. Les « soute neurs » seuls seraient capables de devenir d’autant plus agressifs qu’ils ont affaire à plus faible partie. Comme, à l'opposé de M. Gambetta, nous n'avons pas l'injustice et le mauvais goût de jeter une telle injure à la face do tous nos adversaires politiques, comme nous admettons au contraire qu’il y en a fie très loyaux et de très honorables, nous sommes bien forcés d'en conclure que, s'ils attaquent si fort les conservateurs, c’est qu’ils ne les croient pas aussi définitivement condamnés qu on le dit. « Les lauriers sont coupés », dit la chanson. Sans doute ; mais les racines vivent et il ne faudrait qu'une saison favorable pour, que sur le sol balayé par la tempête, les branches se remissent à pousser de tous côtés. La France — nous rougissons de répéter ce lieu commun — n’est pas habituée à la li berté; on y résiste difficilement aux courants, et, sur cette terre natale de Panurge et de ses moutons, il suffit que la foule aille d'un côté pour que tout le monde suive. En ce moment, le courant est pour la République; le troupeau est lancé; il suit ses meneurs, tête baissée, sans bien savoir où iis le mènent, sans qu’eux-mêmes s’en rendent un compte exact. Ceux qui sont devant voient à peu près le chemin : mais les autres n’aperçoivent rien ; ils poussent -et sont poussés, bêlant...